Marne & Verdun - Chaloupe à vapeur
Attachées au port de Saint de Luz, les deux chaloupes Marne et Verdun étaient identiques. Elles avaient été construites à Pasajes (Espagne) en 1917, elles jaugeaient 24 tonneaux de jauge brute et 4,16 tonneaux de jauge nette. Ces chaloupes possédaient chacune une machine à vapeur. Elles étaient immatriculées au quartier de Bayonne sous le n°1851 pour la Marne, armée par François Badouix de Marseille ; le Verdun avait le n° 1852, son armateur était Pascal Elissalt de Ciboure, toutes deux étaient armées à la petite pêche. En ces temps de guerre, la plupart des marins pêcheurs du quartier de Bayonne étaient mobilisés, aussi un nombre important de pêcheurs espagnols étaient venus compléter les équipages des bateaux luziens ; la Marne avait embarqué 5 espagnols en plus de ses 4 marins locaux, le Verdun avait un équipage de 3 français et 4 espagnols. En ce 4 mai 1917, la Marne et le Verdun sont en pêche, en compagnie de 4 chalutiers espagnols, dans le NNO de Saint Jean de Luz à environ 28 milles, quand un sous-marin allemand, le UC72 fait surface auprès d’un navire espagnol et le questionne sur sa nationalité, et, surtout sur la présence de bateaux français dans la zone; n’ayant pas eu de réponse formelle, le sous-marin repère néanmoins les pêcheurs français et se dirige vers eux. Les deux chaloupes luziennes, qui sont armées d’un canon de 37 mm, pressentent aussitôt le danger, et, abandonnant les opérations de pêche, manoeuvrent pour mettre le sous-marin entre eux deux.L’UC72 tire 3 coups à blanc, puis un quatrième projectile qui touche un bateau espagnol. La Marne réplique à bout portant, et le sous-marin s’éloigne et reprend son tir. Le Verdun est alors touché à l’avant et prend feu.
La Marne qui tente de s’abriter derrière les espagnols continue la lutte, mais très vite le combat va devenir inégal, le sous-marin est équipé de canons de 88 mm ou 105 mm et possède une réserve de munitions que n’ont pas les chaloupes françaises. Après plus d’une heure d’une lutte acharnée, la Marne et le Verdun finissent par sombrer, ainsi que deux chalutiers espagnols.
Le bilan humain sera très lourd, 14 victimes au total entre les deux bateaux français, 8 marins dont 4 espagnols sur la Marne, 6 marins dont 3 espagnols sur le Verdun, 52 orphelins ne verront plus jamais leur père, 3 espagnols réussiront à sortir vivants de ce drame.
Les victimes de la Marne sont :
Paulin Casabon (patron) – Pierre Mugabure matelot – Louis Jean Denis Heguilein mousse – Julien Poulou matelot mobilisé – Manuelo Amato matelot espagnol – Pedro Basurto matelot espagnol – Martin Bazurco matelot espagnol – Andreix Tellerias matelot espagnol –
Pour le Verdun : Joseph Manuel Echavé patron – Arnaud Oyhannart matelot – Saturnin Martianera matelot – José Arismendi matelot espagnol – Eusébio Orbegozo matelot espagnol – José Canuto Cornélio Otazo chauffeur espagnol –
Sources :
1914-1948 Les marins pêcheurs sous le feu ennemi
de Madeleine Kérisit – Editions SPE Barthélémy