Compagnie de protection de Bône - Unité
À Bône, la CP 8T, qui fut remplacée en novembre 1955 par la CPA 2, fut initialement chargée d'assurer, outre la police du port, la garde de deux points sensibles situés à l'extérieur de la ville, le sémaphore du cap de Garde et le terrain d'aviation de Bône-les-Salines où deux éléments de protection étaient stationnés en permanence. Celui de l'aérodrome ne tarda pas d'ailleurs à se distinguer dans la nuit du 9 au 10 février 1956 en repoussant une attaque rebelle. Le même jour, le sémaphore du cap Rosa, qui n'était pas défendu, fut également attaqué et endommagé, aussi le commandement décida-t-il d'en confier la garde à la CPA 2. Dès le 17 février, un groupe y fut détaché, relevé tous les mois par une rotation du LCM du CIOA, affecté au port de Bône. En dehors de ces missions de garde, le personnel de la compagnie participait également au maintien de l'ordre dans l'agglomération bônoise. En juillet et août 1956, ses patrouilles en ville arrêtèrent cinq suspects et saisirent un pistolet automatique.
Le mois d'avril 1957 fut marqué par deux engagements notables. Le 23, participant à une opération de bouclage ratissage, montée sur renseignements, dans la banlieue de Bône pour tenter de mettre hors de combat une bande responsable de plusieurs attentats, une section renforcée de la compagnie accrocha un groupe de sept ou huit rebelles et en abattit trois, dont certains identifiés comme responsables d'assassinats recherchés par la police. Une corvée de quatre hommes, commandée par un quartier-maître qui avait quitté le phare du cap Rosa pour aller chercher de l'eau à l'oued voisin se heurta, vers 16 heures, à un groupe d'une dizaine de rebelles. Après l'échange de coups de feu qui s'ensuivit, un matelot fut tué d'une rafale et son arme enlevée tandis que le reste de la troupe se repliait sur le phare qui donna l'alerte. Une section de chasseurs alpins transportée depuis la Calle par les lamparos de la 45e SPL et un détachement de la CPA 2 embarqué sur le Coutelas rallièrent le Cap Rosa avant la tombée de la nuit, il était trop tard pour pouvoir espérer rattraper les fellaghas. Les renforts restèrent néanmoins en protection du phare pour la nuit.
En février 1958, la CPA 2, débarquée et soutenue par la Dague, fut engagée dans une opération de ratissage entre La Calle et la frontière tunisienne, aux environs du Cap Roux et de la plage de la Messida, et entre La Vieille Calle et l'embouchure du lac Mellah. Au cours des mois suivants, elle participa à plusieurs fouilles de terrain et contrôles de population. En décembre, une de ses sections prit part à une opération au cours de laquelle huit rebelles furent tués, dix autres faits prisonniers et sept armes de guerre saisies ; puis elle fut envoyée, du 26 au 30, en protection de la mine de Aïn Barbar, située à proximité de la côte, entre Bône et Herbillon. Au cours de cette mission, la section effectua plusieurs ouvertures de routes et des contrôles de population, tendit quelques embuscades et arrêta sept suspects.
En janvier 1959, lors d'une opération dans la région du cap de Garde, un gendarme du FLN, armé d’un pistolet automatique, fut mis hors de combat par un groupe de la CPA 2. En février, la compagnie participa à trois opérations de secteur et à une relève du cap Rosa mettant en oeuvre un chasseur, un LCM, deux lamparos, un T6 et un groupe de démineurs du génie. En mars, elle fut engagée dans une opération près du lac Fetzara, au cours de laquelle sept rebelles furent tués, douze suspects arrêtés et neuf armes de guerre saisies. En mai, la section d'intervention arrêta cinq suspects, découvrit un dépôt de ravitaillement et captura six recrues du FLN. Elle participa, le mois suivant à deux opérations de secteur qui coûtèrent aux rebelles vingt-quatre tués et vingt-deux armes, puis prit part à l'interception d'une bande qui avait franchi le barrage et qui perdit dans l'affaire trente et un tués, quinze prisonniers, quarante-cinq armes et trois postes de radio.
En juillet 1959, la compagnie de protection de Bône fut rebaptisée CPA 4. Au cours des douze mois suivants, outre les relèves et ravitaillements mensuels de la garde du cap Rosa, elle effectua une vingtaine de missions de reconnaissance et de contrôle de population et participa à environ autant d'opérations de secteur ou de quartier dans les régions d'Herbillon et de Duzerville et dans le massif de l'Edough. À la fin de l'année, elle vit ses effectifs augmentés par le recrutement de dix-neuf harkis. Le 31 décembre 1959, elle fut engagée dans le voisinage du cap Rosa aux côtés du commando de La Calle dans un raid de recherche de renseignements. Le bilan de la compagnie pour le semestre écoulé s'élevait à sept rebelles tués, dix suspects arrêtés et sept armes récupérées, mais, par la suite, l'activité de la CPA 4 devint de moins en moins opérationnelle et se réduisit à la garde des points sensibles. Au début de l'année 1962, le détachement du cap Rosa fut supprimé, le phare ayant été évacué par les travaux publics.