Jean Yves Cochard
est né le 27 octobre 1906 à Plouescat (Finistère (29))
Jean Yves Cochard est le fils de Adolphe Cochard, tailleur de pierres, et de Catherine Bozec, coutière, tous deux originaires de Plouescat, dans le Finistère.
Au terme de sa scolarité, et à l'approche de ses 19 ans, Jean contracte un engagement de 3 ans dans la Marine nationale, et devient de ce fait apprenti marin. Il effectue ses classes au "Dépôt des recrues" de Brest, et, le 4 juillet 1925, est désigné pour le cuirassé "Paris" sur lequel il sert comme chauffeur, pratiquement jusqu'au terme de ce premier contrat.
En cette année 1925, la France a décidé de s'engager au Maroc auprès de l'Espagne pour contrecarrer les velléités des troupes d'Abd-el-Krim al Khattabi qui a déclenché une rébellion dans le Rif, crée une "République" indépendante, et a déjà prononcé des attaques sur les territoires espagnols avant de s'en prendre à la zone française. Les deux pays ayant des accords de protectorat avec le sultan du Maroc, décident d'une opération conjointe. Un débarquement de 13 000 soldats, en majorité espagnols, a lieu, le 8 septembre 1925 sur la côte nord-est du Maroc, en baie d'Al Hoceima : les 80 navires de commerces transportant les troupes sont protégés par 160 avions et 8 navires de combat des deux pays. Le "Paris", sur lequel se trouve Jean, en fait partie, et son artillerie de 155 mm s'avère très utile pour réduire au silence les canons que les rebelles ont récupérés lors d'une bataille précédente (Anoual, en 1921, dont le désastre fut douloureusement ressenti par nos alliés). L'opération, cette fois, est un succès, et, à cette occasion l'état espagnol crée une décoration, la Médaille de la Paix du Maroc dont le port par les militaires français est autorisé par un décret en date du 3 avril 1930.
Au mois de décembre 1925, Jean passe matelot de 1re classe. Le "Paris", rentré à Toulon, reprend ses missions du temps de paix en Méditerranée et ce jusqu'en fin 1926, date à laquelle il bénéficie d'un arrêt technique intermédiaire avant d'entrer en refonte à partir du 16 août 1927. Jean, promu au grade de quartier-maître le 1er janvier 1927, débarque du cuirassé le 7 juin 1928 pour faire un court passage (3 mois) sur le torpilleur "Bambara" qui doit participer à l'imposante revue navale du 3 juillet 1928 qui a eu lieu au Havre en présence du président de la République, Gaston Doumergue, et du ministre de la Marine, Georges Leygues. Sitôt après, ayant conclu un nouvel engagement de 3 ans, il passe quelques jours sur le croiseur "Jeanne d'Arc" qui est en fin de vie et attend son remplacement comme navire-école par une autre "Jeanne d'Arc" , mise sur cale à Saint Nazaire le 31 août 1928. En attendant, le croiseur cuirassé "Edgar Quinet" doit assurer la soudure, et Jean embarque sur ce bâtiment le 17 septembre de la même année pour la campagne 1928-1929 d'application des aspirants. Elle se déroule sans problème, mais il n'en est pas de même pour la campagne suivante : l'"Edgar Quinet" , qui a fait escale à Alger le 29 décembre 1928, heurte, le 4 janvier 1930 , un haut-fond non cartographié au large du Cap Blanc, et se casse en deux quatre jours plus tard, heureusement sans qu'il y ait de victime.
Il est vraisemblable que Jean Cochard ait débarqué du croiseur à Alger pour rallier la métropole quelques jours avant cet accident : l'état signalétique de ses services fait apparaître qu'il rallie le "2ème Dépôt" à Brest le 1er janvier 1930 pour être affecté, deux mois et demi plus tard sur l'"Armorique" qui abrite l'école des mousses, mais où il sert comme membre de l'équipage.
Du 1er octobre 1931 au 1er avril 1932, Jean est affecté à l' "école des Mécaniciens et Chauffeurs" de Toulon, établie à cette époque sur de vieux bâtiments désarmés.
A l'issue, il est désigné pour le torpilleur "Aventurier" qui fait partie de la division d'instruction basée à Toulon. Jean reste sur ce bâtiment, avant de rallier, le 18 mai 1934 le contre torpilleur "Jaguar" sur lequel il est promu second maître, le 1er avril 1934. Peu avant son embarquement, il souscrit d'abord un engagement de 2 ans, puis à compter du 8 juin 1936, un autre de 3 ans. Un mois plus tard, il est décoré de la Médaille militaire, avant d'être désigné, le 25 septembre sur le contre torpilleur "Bison".
Le bâtiment remplace le "Jaguar" comme navire-amiral de la 2ème flottille des torpilleurs composée alors de 18 unités. Hormis les nombreuses sorties d'entraînement de groupe au sein de l'escadre de l'Atlantique, le contre torpilleur participe, le 11 juillet 1938, à l'escorte en Manche du yacht royal britannique "Enchantress" qui conduit en France le roi Georges VI et son épouse (les parents de la reine Elisabeth II) pour une visite d'état.
En début d'année 1939, l'escadre de l'Atlantique est en exercice dans le sud de la pointe de Penmarc'h (Finistère) ; le 7 février, le croiseur "Georges Leygues" aborde le "Bison" et lui découpe l'étrave jusqu'au niveau de la passerelle. La réparation est effectuée en un temps record à l'arsenal de Lorient, et le bâtiment est à nouveau en capacité d'assurer ses missions en décembre 1939.
A sa reprise d'activités, il effectue des escortes de convois qui le conduisent en Atlantique jusqu'à Dakar et Casablanca, et en Méditerranée jusqu'à Oran, avant de gagner Brest le 8 avril 1940 pour intégrer la "11e division de contre torpilleurs" (DCT).
La campagne de Norvège débute le 9 avril 1940, au moment de l'invasion du pays par l'armée allemande. Les alliés l'avaient envisagée et un corps expéditionnaire se tient prêt : la "11eDCT" appareille de Brest le 12 avril pour se joindre à la "Home Fleet" britannique afin de protéger les navires acheminant les troupes à partir de la baie de Scapa Flow, au nord-est de l'Ecosse.
Après quelques succès à terre, l'opération tourne court, et les évènements du front français imposent la retraite et le rembarquement des combattants.
Le 3 mai 1940, le "Bison" participe à l'évacuation du corps expéditionnaire français engagé dans l'opération autour de la ville de Namsos, au nord de Trondheim. Les transports de troupes et leur escorte franco -britannique franchissent l'embouchure du fjord de Namsos aux alentours de quatre heures du matin et font route vers Scapa Flow.
Vers 10 h 00, alors qu'il se trouve à environ 180 nautiques de la côte, le convoi est attaqué par une meute d'avions de la Luftwaffe ; un Stuka largue, en piqué, une bombe en direction du "Bison". Elle atteint le contre torpilleur en traversant la passerelle et explose dans une soute à munitions. Vers midi, le bâtiment disparaît dans les eaux nordiques. Entre-temps, plusieurs destroyers (HMS "Grenade ", "Afridi ", "Impérial", "Griffin") se sont portés au secours des naufragés : une centaine d’hommes du "Bison", dont le second maître Jean Yves Cochard sont portés disparus.
La famille Cochard sera durement éprouvée durant cette période : le frère cadet de Jean, Hervé né le 1er mai 1911 à Plouescat, sera tué sur l’Aviso "Tahure" le 29 avril 1944, près du cap Varella, sur les côtes d’Annam, au Tonkin. Lui aussi a été déclaré Mort pour la France.
Leurs noms sont inscrits sur le monument aux morts de leur ville natale qui porte à son fronton l’épitaphe :
POUR L’HUMANITE POUR LA PATRIE
- Légion d'Honneur (chev.)
- Médaille Espagnole de la Paix au Maroc
Bison
Le contre-torpilleur Bison
Du type Guépard/Valmy (1930-1940), le contre-torpilleur Bison (2.700 tonnes), construit par l’arsenal maritime de Lorient, a été mis en service le 24 octobre 1930. Capable d’atteindre la vitesse record de 40 nds, il a d’abord été affecté à Brest en 1932.
Dans la nuit du 7 au 8 février 1939, les croiseurs de la 2e escadre de Brest servent de but aux flottil...