Jean Marie Le Dall
est né le 20 avril 1930 à Plouguerneau (Finistère (29))
Jean Marie, fils de François Marie 26 ans quartier-maître dans la Marine Nationale et de Louise Claudine Abguillerm 24 ans sans profession, naît à Mesquéo en Plouguerneau. (Finistère).
Il y passe toute sa jeunesse dans une fratrie composée de ses sœurs Marie et Aline et ses cinq frères, Sezni, Henri, Michel, Auguste et Joseph.
Mais le malheur frappe une première fois cette famille par le décès d'Auguste à moins d'un an puis la maladie de Michel qui le laisse handicapé et ensuite le 03 juillet 1940. François le père de famille meurt dans la perte du bâtiment de ligne "Dunkerque" à Mers-el-Kébir.
Jean, 10 ans, ainsi que ses frères et soeurs sont alors pupilles de la nation le 25 septembre.
Louise, veuve à 33 ans, doit travailler pour subvenir aux besoins de ses sept enfants. Elle patientera deux ans avant d'avoir une pension. En attendant, à chaque grande marée elle ramasse le pioca (petit goëmon) et autrement offre ses services comme lavandière. Dans tous ses travaux et entreprises, elle fait montre de courage et de volonté sans jamais se plaindre.
Jean son certificat d'études en poche, passe deux ans à l'"Ecole d'apprentissage Maritime" de l'Aber Wrac'h dans le Finistère. Son diplôme obtenu, il embarque sur le bateau de son oncle goémonier tout en travaillant comme aide boulanger chez Jean Fichou qui apprécie beaucoup son travail et son amabilité. Il ramène alors systématiquement son pécule à sa mère.
Mais à l'âge requis et secrètement, Jean s'engage dans la Marine Nationale pour trois ans, comme son père et son frère Sezni, sûrement par vocation mais aussi pour aider financièrement sa mère.
Il s'engage donc le 1er septembre 1948 sous le matricule n°613 B 18 à "Pont Réan" centre de formation maritime à Rennes où il effectue ses classes jusqu'au 16 novembre. De là il rallie l'"Ecole Navale" où il suit les cours de gabier pendant un an.
Brillamment sorti, il obtient le certificat de voilier le 1er août 1949 et reçoit une affectation en campagne, réservée aux meilleurs.
Dès le 04 octobre 1949, le paquebot "Champollion" de la Compagnie des messageries maritimes l'amène en Indochine. Impatient et fier de découvrir son premier embarquement, le 29 octobre 1949 à Saïgon, il foule le pont du dragueur–patrouilleur "Capucine" type YMS affecté au sein de la 32è division de dragueur.
Avec son bâtiment, il effectue des surveillances maritimes sur les côtes d'Annam, de Cochinchine, du golfe de Siam et du Mékong pour contrôler, arraisonner les caboteurs, jonques ou sampans et juguler les trafiquants en tout genre. Ces missions sont entrecoupées, à Saïgon, d'indisponibilités d'une quinzaine de jours tous les trimestres.
Très professionnel, toujours disponible et reconnu de ses supérieurs, c'est tout naturellement qu'il est promu quartier maître le 1er juillet 1950 et qu'il est autorisé à signer un deuxième engagement de trois ans à compter du 1er septembre 1951.
La vie embarquée en Indochine lui convient bien. En témoigne les nombreuses photos qu'il expédie à sa famille, où il est toujours souriant, épanoui et entouré de ses camarades d'équipage.
Du 9 au 22 février 1951, dans le golfe de Siam, son bâtiment intervient efficacement pour soutenir le poste de Bahon vivement attaqué et encerclé par les vietminh. La "Capucine" tire 88 coups de canon de 76mm sur les rebelles et a ainsi pu évacuer le personnel assiégé.
Le 10 juillet 1951, alors patron de la baleinière du dragueur, il met à terre les membres du corps de débarquement, amarre son embarcation, et les attend. Mais il tombe dans un guet-apens et se fait mitrailler par les vietminh. Grièvement blessé au ventre, il préfère patienter jusqu'au retour de ses compagnons et les ramener, dans la souffrance, à bord de la "Capucine".
Son commandant adressera alors une lettre à sa famille où il vante "son courage" et précise qu'ainsi "en les attendant, il a sauvé ses compagnons".
Ses compagnons d'infortune écriront une lettre à sa famille détaillant cette funeste opération. Ils la parapheront tous en guise d'amitié pour leur malheureux camarade.
Le 11 juillet 1951, alors qu'il a une carrière prometteuse devant lui, à seulement 21 ans et avec trois ans de service effectif, Jean meurt à l'hôpital militaire de Phnom Penh (Cambodge) des suites de ses blessures reçues en opérations.
Nouvelle épreuve funeste pour sa maman qui fait front avec courage, volonté et dignité, pour continuer à s'occuper de ses autres enfants. Quant à sa fiancée Yvette, inconsolable, elle restera très attachée à la famille pendant de longues années.
Rapatrié son corps est inhumé dans sa commune natale de Plouguerneau. Sa photographie figure à côté de celle de son père sur la plaque funéraire.
Jean est décoré de la médaille coloniale le 5 juillet 1950, croix de guerre avec étoile de bronze le 1er août 1950 puis cité à l'ordre de la division (ordre 62 EM3/REC du 30 juillet 1951) avec croix de guerre étoile d'argent, ainsi que de la médaille militaire à titre posthume.
Son nom figure sur le monument aux morts et dans la chapelle du cimetière de Plouguerneau.
- Médaille Militaire
- Croix de Guerre TOE avec étoile
- Médaille Coloniale - Extrême-orient
- Citation à l'Ordre de la Division
Capucine
Construit pour le compte de l’US Navy, le YMS-16 fut mis en chantier le 13 mars 1942, et mis à flot par les chantiers Rice Brothers Corporation à East Bothbay (état du Maine), le 7 décembre 1942. Aussitôt après sa mise en service, il sera prêté à la marine française le 18 octobre 1944. Au sein de la 32e division de dragueurs de mines à Toulon, il ne sera, au début, connu que sous le numé...