Sibylle - Sous-marin
Le sous-marin « Sibylle » (S617) était l’un des quatre sous-marins de construction britannique prêtés à la France, après la seconde guerre mondiale, pour une durée de 3 ans comme sous-marins « but » pour l’entraînement des bâtiments de surface à vocation de lutte Anti-Sous-Marine (ASM).
Construit par le chantier britannique de Chatham, lancé en 1942, il portait le nom de HSM « Sportsman » sous les couleurs britanniques. Il sera remis à la France, lors du changement de pavillon, le 12 juillet 1952 à Gosport (voir photo).
Les trois autres sous-marins prêtés étaient :
- La « Sultane » (ex HMS « Statesman », lancé en 1943),
- Le « Saphir » (ex HMS « Satyr », lancé en 1942),
- La « Sirène » (ex HMS « Spiteful », lancé en 1943).
Leurs principales caractéristiques étaient :
- Déplacement : 853/1007 t
- Dimensions : 66,14 x 7,21 x 4,18 m
- 2 diesels x 882 cv – 2 électriques x 659 cv – Vitesse : 13-14/10 nds
- Équipage : 45 (dont 3 officiers)
Démilitarisés (leurs tubes lance-torpilles étant notamment condamnés), ces quatre sous-marins ne seront utilisés par la France qu’à des fins d’entraînement.
Le 24 septembre 1952, au large de Toulon et du Cap Camarat, la « Sibylle » participe avec le bâtiment de surface « Touareg » à un exercice d’attaque par un sous-marin naviguant à une immersion de sécurité minimale de 30 mètres, et avec changement de route de 30 degrés toutes les dix minutes. Après avoir plongé à 7h43, la « Sibylle » est « attaquée », une première fois à 7h52. Au cours d’une deuxième attaque, le contact est perdu à 8h02 par l’ASDIC (« Allied Submarine Détection Investigation Commitee » : dispositif de détection acoustique active des sous-marins développé par les Britanniques dans les années 1920) de l’escorteur, à 270 mètres de distance, peu avant qu’il n’arrive à la verticale du sous-marin ; le contact ne peut être rétabli. La bouée de sécurité du sous-marin est vue en surface à 8h15. L’accident a donc eu lieu entre 8h02 et 8h15. Aucune manifestation extérieure n’a été perçue : l’escorteur n’a entendu en particulier ni explosion, ni chasse aux ballasts.
Les recherches par le croiseur « Gloire » et le ravitailleur sous-marin « Gustave Zédé » n’ayant donné aucun résultat, la « Sibylle » était déclarée perdue accidentellement.
Une cérémonie religieuse fut célébrée le 24 octobre 1952, à 11h15 à l’église Saint-Louis des Invalides à la mémoire des disparus de la « Sibylle ».
Les principales conclusions de la commission d’enquête se résumeront comme suit :
- Certaines dispositions du matériel pouvaient prêter à des fausses manœuvres,
- Une défaillance de matériel pouvait expliquer l’une de ces fausses manœuvres,
- Enfin, l’occurrence d’un incident au moment où le « Touareg » se trouvait dans les parages de la « Sibylle »
pouvait avoir empêché l’exécution d’une manœuvre de retour d’urgence à la surface.
La « Sibylle » était commandée par lieutenant de vaisseau Curot, avec qui disparaissaient 4 officiers, 11 officiers-mariniers et 32 quartiers-maîtres et matelots.
À noter qu’à la suite à la disparition tragique de la « Sibylle » un accord sera obtenu avec le gouvernement britannique pour que la France compense la perte du bâtiment prêté par l’acquittement d’une somme d’argent d’un montant global de 50000 livres sterling (1954).
Sources :
Sources :
- « Accidents des sous-marins français 1945-1983 » par Georges Kévorkian, publié par Marines éditions.
- « Les sous-marins français des origines (1863) à nos jours » par Henri Le Masson, publié par Éditions de la Cité.