Christian Yves Marie Le Mintier de la Motte-Basse
est né le 01 juillet 1894 à Le Gouray (Côtes-d'Armor (22))
Christian Le Mintier de la Motte-Basse est le fils du marquis Antoine Le Mintier de la Motte-Basse et de Elieanne de Palys, fille du comte Elie de Palys qui a laissé dans les milieux universitaires de Rennes le souvenir d’un délicat érudit, notamment pour ses recherches sur l’histoire de la Bretagne. Troisième d’une fratrie qui comptera treize enfants (quatre garçons et neuf filles), Christian naît le 1er juillet 1894 à Le Gouray (Côtes-du-Nord-22) dans le château familial de la Motte-Basse.
Après de brillantes études au collège Saint-Vincent de Rennes, puis à celui de Saint-Charles à Saint-Brieuc, Christian intègre l’"École navale" le 1er août 1911, alors qu’il a tout juste 17 ans. Il suit ensuite le cursus de formation de l’époque prévu pour les futurs officiers de Marine : deux années sur le vaisseau "Borda"
- en l’occurrence ces années-là, l’ex-croiseur "Duguay-Trouin", car cette appellation de tradition a été donnée successivement à quatre bâtiments désarmés mais encore utilisés à des fins d’instruction et ancrés en rade de Brest - avant d’embarquer, avec le grade d’aspirant, pour parfaire ses connaissances sur le croiseur cuirassé "Jeanne d’Arc" devenu pour deux campagnes croiseur école en remplacement provisoire, précisément, du "Duguay-Trouin".
Remarqué pour son intelligence, son sens marin, son caractère énergique, il termine la campagne d’application le 2 août 1914 avec un excellent rang (9e sur 61), et comme l’Allemagne a déclaré la guerre à la France le 5 août, reste un temps affecté au service artillerie de la "Jeanne d’Arc" qui retrouve sa vocation de croiseur cuirassé et opère au sein de l’escadre des bâtiments qui assurent une présence permanente dans le Pas-de-Calais et participent au blocus de la Manche.
Promu enseigne de vaisseau de 2e classe le 5 octobre 1914, il est désigné, le 25 décembre de la même année, pour le croiseur "Guichen" sur lequel il remplit les fonctions d’adjoint au chef du service corps de débarquement.
À partir de mai 1915, le bâtiment qui, avant cette date, participait également au blocus de la Manche, est déployé, vers l’Afrique du Nord car la situation en Méditerranée devient préoccupante, en particulier en raison du comportement de l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne, qui montre des velléités d’expansion vers l’Egypte et semble avoir des vues sur le canal de Suez.
Pour contrecarrer toute initiative de l’armée turque et empêcher son ravitaillement par la mer, les alliés décident, à partir du 25 août 1915, le blocus de la côte syrienne. Une escadre, pour l’essentiel, franco-britannique, la "3e Escadre", est constituée et placée sous commandement français du vice-amiral Dartige du Fournet qui met sa marque sur le croiseur-cuirassé "Jeanne d’Arc". Cette force qui a pour base Port-Saïd, mais dont la composition fluctue en fonction des besoins liés à la bataille des Dardanelles, intègre le "Guichen" dès sa création.
Quasiment dans la même quinzaine du mois de septembre 1915, deux épisodes très importants vont imprimer la carrière militaire de Christian Le Mintier :
- Le 1er de ce mois, l’amiral Dartige du Fournet sur la "Jeanne d’Arc", accompagnée du cuirassé "Jaureguiberry" et du croiseur "D’Estrée",
prend possession au nom de la France de l’îlot rocheux de Rouad situé à moins de 3km de la côte syrienne, en face de Tartous, dans le but d’en faire un poste avancé permettant de s’informer des mouvements des troupes turques. La population de l’île vivait misérablement sous le joug
des Ottomans : tout manquait, nourriture, soins, école …
Dartige du Fournet nomme gouverneur de l’île le lieutenant de vaisseau Trabaud, de la "Jeanne d’Arc" avec une mission humanitaire, certes, mais aussi militaire : il s’agit d’en faire une antenne du "Service des informations de la marine au Levant" (SIL).
Avec un petit détachement d’une centaine d’hommes prélevés en partie sur les bâtiments de la "3e Escadre" dont 6 à 7 officiers, Trabaud rétablit la situation sanitaire de l’île, son approvisionnement en produits de première nécessité, fait rouvrir l’école, à la grande satisfaction des habitants qui sont désormais acquis à la cause la France.
L’enseigne de vaisseau Le Mintier rejoindra, mais, un peu plus tard cette équipe au sein de laquelle il sera responsable du détachement militaire chargé de la protection du site, mais aussi de l’organisation de missions de reconnaissance sur la côte syrienne, missions particulièrement dangereuses exécutées le plus souvent de nuit. Cette unité sera considérée, sur le plan administratif et opérationnel, comme une annexe de la "Jeanne d’Arc" ;
- le 5 septembre, peu de temps donc après la prise de possession de Rouad, le "Guichen" qui patrouillait le long de la côte, au nord de la baie d’Antioche, aperçoit sur les hauteurs du Djebel Musa (Mont Moïse) des hommes agitant des drapeaux pour demander de l’aide : il s’agit d’éléments avancés d’un groupe de plusieurs milliers d’Arméniens encerclés par des troupes turques qui menacent leur existence. Le lendemain, la "Jeanne d’Arc" est sur place : grâce à l’efficacité du corps de débarquement du ″Guichen″, dont l’enseigne de vaisseau Le Mintier est un élément moteur, les émissaires arméniens peuvent rencontrer l’amiral Dartige du Fournet qui comprend immédiatement l’urgence vitale d’une décision humanitaire. Avec le "Guichen", le "Desaix", le "D’Estrées" et la "Foudre", il organise l’évacuation des assiégés. Après une préparation d’artillerie, cette évacuation a lieu le 12 sous la conduite du contre-amiral Darieus qui remplace le vice-amiral Dartige du Fournet appelé d’urgence aux Dardannelles. Une tête de pont composée de radeaux est établie par le corps de débarquement du "Guichen" entre la plage battue par de violents rouleaux et les embarcations qui évacueront 4092 Arméniens jusqu’aux bâtiments de la "3e Escadre" en vue de les acheminer ensuite jusqu’à Port-Saïd.
Pour les qualités qu’il a manifestées lors de cette opération, l’enseigne de vaisseau Le Mintier reçoit, le 15 novembre 1915, le témoignage officiel de satisfaction (TOS) suivant :
"Commandant les pelotons d’embarcation de son bâtiment a fait preuve dans des circonstances difficiles de grandes qualités d’énergie, d’initiative et de dévouement".
Ce TOS sera complété par la citation ci-après à l’ordre du jour du bâtiment en date du 28 juin 1916 :
"A dirigé avec sang-froid et énergie l’opération particulièrement difficile du rembarquement. Belle attitude au feu. Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre 14-18 avec étoile de bronze".
Et c’est sans doute à l’issue de cette mission que Christian Le Mintier rallie l’équipe de Rouad. Il reste 22 mois sur l’île, accomplit avec succès de nombreuses missions, et apprend, le 26 avril 1916, sa promotion à la 1re classe du grade d’enseigne de vaisseau.
En novembre 1917, Rouad est bombardée de la côte par les troupes turques :
Les marins français repoussent l’assaut, mais par précaution, il faut évacuer une importante partie de la population vers Port-Saïd. À l’issue de cette affectation, l’EV1 Le Mintier reçoit la citation suivante à l’ordre du jour de l’Armée en date du 20 décembre 1917 :
"Fit son devoir d’une façon admirable et n’abandonna qu’après ordre son poste particulièrement dangereux. A fait preuve de la plus grande bravoure (déjà cité à l’ordre du bâtiment le 28-6-16) ». Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre 14-18 avec palme".
Il rejoint Brest dès le 25 décembre 1917, car il a été désigné comme commandant du "Centre d’Armement Militaire des Bâtiments de Commerce" du 2e arrondissement.
En effet, en raison du danger que constituaient, à partir de 1914, les sous- marins allemands, puis l'aviation ennemie, la Marine nationale avait mis en place sur les bâtiments de commerce et de pêche un armement défensif (canons et mitrailleuses) servi quand cela était possible par du personnel militaire détaché (canonniers et fusiliers), mais avec souvent aussi du personnel du bord formé à ces fins. Le matériel était stocké dans le port, centre CAMBC, où le bâtiment était répertorié, et à la première occasion, les travaux nécéssaires étaient effectués. Comme il n’était pas possible d’affecter à temps plein des militaires sur tous ces bâtiments, des ″équipes volantes″ étaient constituées en fonction des besoins et surtout du type de mission, les transports de troupes ayant une certaine priorité.
Entre le 25 décembre 1917 et le 7 décembre 1918, l’enseigne de vaisseau Le Mintier commande ainsi la 7e, puis la 15e équipe volante opérant sur les transports entre Marseille et les côtes d’Algérie, puis entre Bordeaux et Dakar, embarquant en particulier le 17 septembre 1918 sur le paquebot "Afrique" transformé en transport de troupes. (Ce bâtiment devait sombrer le 12 janvier 1920 au large de la Vendée alors qu’il ramenait vers leur pays d’origine 300 tirailleurs sénégalais qu’on avait quelque peu "oubliés″ après la guerre à laquelle ils avaient grandement participé).
L’armistice est signé le 11 septembre 1918.
Christian Le Mintier termine son affectation au CAMBC en décembre ; il est alors désigné en campagne pour la "Division Navale de l’Indo-Chine".
Il rallie Saïgon le 2 mars 1919 pour prendre les fonctions d’officier en second du "Quentin Roosevelt". Ce bâtiment qui n’était autre que l’ancien torpilleur russe "Boykiy" réfugié à Saïgon lors de la révolution bolchévique avait été nolisé ("emprunté" en quelque sorte) par la Marine française pour en faire un patrouilleur auxiliaire, mais en lui donnant ce nouveau nom pour rendre hommage au fils cadet du président des Etats-Unis Théodore Roosevelt, pilote de chasse récemment abattu en combat aérien au-dessus de notre pays.
La diplomatie primant, le torpilleur doit être ramené à Bizerte en 1919 pour être restitué à la Russie bolchévique, mais la reconnaissance de la France à Quentin Roosevelt ne disparut pas pour autant, car son nom fut transféré à un autre patrouilleur sorti quelques temps auparavant du chantier de Rochefort et baptisé initialement ″Flamant″.
Si bien qu’après seulement deux mois de présence en protectorat d’Annam, l’enseigne de vaisseau Le Mintier reçoit une nouvelle affectation et se voit promu au commandement d’une section de deux torpilleurs ″numérotés″ (ils n’ont pas de nom patronymique, mais le complétif S signifie qu’ils sont affectés à Saïgon)), le "19 S" dont il assume le commandement personnellement, et le "20 S", son alter-ego, qui seront déployés sur les rivages du protectorat du Tonkin, tout au nord de la péninsule indochinoise, pour contrer les velléités de bandes dites "chinoises" qui sèment la terreur dans les villages tout en se livrant à des trafics d’armes, d’opium, et où les femmes et les enfants sont parfois pris en otages.
Les actions de soutien de ces bâtiments œuvrant en coopération avec les troupes à terre dans des conditions climatiques et sanitaires très difficiles vaudront au torpilleur "19 S" la citation suivante à l’ordre de la Brigade :
"Au cours des longues et incessantes croisières de blocus faites sur les côtes sud du Tonkin pendant les opérations conduites contre les bandes chinoises dans les provinces de Moncay-Quang Yen du 15 mai 1918 au 20 juin 1919, a fait preuve d’une énergie, d’une bonne volonté et d’un entrain que n’ont pu affaiblir les dures fatigues supportées sous un climat excessivement pénible.
La participation à cette colonne lui donne droit à la médaille coloniale avec agrafe TONKIN (JO du 27 octobre 1920 – guerre)" ;
Le commandant de la section reçoit quant à lui une citation personnelle à l’ordre du jour de la division des troupes de l’Indo Chine - 25 Août 1919 :
"Commandant de la section des torpilleurs 19-21 puis de la croisière en Mai 1919, s’est montré chef prévoyant et plein d’entrain. A fait preuve en toutes circonstances des belles qualités militaires et navales qui lui valurent déjà la palme de sa croix de guerre". Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre des TOE avec étoile d’argent.
Le 11 septembre 1919, Chritian Le Mintier est promu lieutenant de vaisseau et, quelques jours plus tard, il prend les fonctions d’officier en second de l’"Unité Marine Saïgon" où il a, en particulier, la responsabilité de la gestion des mouvements du port qui mettront en évidence ses qualités de manœuvrier.
Il quitte l’Indochine fin octobre 1920, et, après quelques congés de fin de campagne bien mérités, regagne Brest dès le 24 février 1921, car il a été désigné comme commandant du "Service automobile" de ce port.
Son affectation sera de courte durée : il a été réclamé au grand choix par le commandant de la "Jeanne d’Arc", redevenue après la guerre croiseur-école, pour y exercer les doubles fonctions d’officier fusilier-chef du service corps de débarquement du bâtiment, et d’instructeur-chef d’un poste d’officiers-élèves (le poste Tourville) durant les croisières d’application qui doivent clôturer les périodes de formation des promotions 1919 et 1920 de l’"École navale".
Et ainsi, le lieutenant de vaisseau Le Mintier, qui, à 22 ans, le 30 avril 1921, a été fait chevalier de la Légion d’honneur, rallie la "Jeanne" le 5 septembre 1921 après un stage de "rafraîchissement" de 5 semaines à l’"École des officiers fusiliers" à Lorient.
Après deux campagnes de la "Jeanne d’Arc", il est affecté quelques mois à la "Division des Ecoles de l’Océan", ce qui ne lui fait pas vraiment changer d’affectation, avant de rallier, à Toulon, le 1er juillet 1924, le cuirassé "Patrie" qui fait office de navire-école pour les électriciens et torpilleurs au sein de la "Division des Écoles de la Méditerranée". Sur ce bâtiment il sert, en particulier, comme chef du service artillerie pendant une année, avant d’être désigné, le 10 mai 1926 comme commandant du ″Bataillon de côtes de Brest″ qui regroupe les défenses côtières du goulet de Brest et du Finistère nord.
À l’issue de cette affectation à terre, le 14 novembre 1927, il rallie l’aviso ″Meuse″ qui sert comme annexe de l’″École navale″ pour la formation à la navigation des élèves. Le LV Le Mintier assumera pendant deux années les fonctions de commandant de ce bâtiment lors des sorties à la mer.
L’année 1929 constitue un grand tournant dans sa vie : le 2 avril, il met un terme à sa vie de célibataire en épousant, à Vivonne, Henriette Aymer de la Chevalerie dont les parents sont propriétaires domiciliés au château de La Planche en cette commune du département de la Vienne (86). La Marine ne laisse aux jeunes mariés que peu de temps pour s’organiser, car le 5 avril Christian doit rallier Le Havre pour assumer les fonctions d’adjoint au capitaine de vaisseau commandant la Marine dans ce port.
Le 12 du mois suivant, il est promu capitaine de corvette, et la suite de l’affectation se passe sans événement notable sur le plan maritime, mais avec un grand bonheur pour le couple : la naissance d’un premier fils, Antoine, le 2 septembre 1930.
L’année suivante, le capitaine de corvette Le Mintier est désigné pour Bizerte (Tunisie) qu’il rallie de Marseille par paquebot avec sa petite famille le 20 novembre 1931. À la mi-décembre, il est placé "en stage" sur le torpilleur d’escadre "Matelot Leblanc" de la "12e Division de Torpilleurs", avant de prendre le commandement de ce bâtiment, le 1er janvier 1932 (Le "Matelot Leblanc" était en fait l’ancien destroyer "SMS Dukla" de la Marine austro- hongroise qui avait été récupéré par la France au titre des dommages de guerre à l’issue du conflit de 14/18).
Quinze jours après la prise de commandement, un second fils, Godefroy, voit le jour, et un autre petit frère, Henry, pointera son nez le 27 janvier de l’année suivante.
Le commandement du torpilleur s’achève le 1er janvier 1934, et le 25 du même mois, le CC Le Mintier qui avait acquis une certaine expérience sur la mise en œuvre de l’artillerie côtière lors de son affectation au bataillon de côtes similaire de Brest, prend celui de l’"Artillerie de côte de Bizerte", poste qui lui permet de bénéficier d’un peu plus de vie de famille. (et ce jusqu’au 16 janvier 1936). Il obtient à cette occasion le certificat d’aptitude à la conduite de tir des batteries de côtes.
À la satisfaction de l’amiral commandant la marine en Tunisie, il tient ce poste pendant deux années au cours desquelles les naissances d’un quatrième fils, Alain, le 7 mai 1934, puis d’une première fille, Christiane, le 28 février 1936, comblent de bonheur la famille.
En janvier 1936, Christian a été inscrit au tableau de capitaine de frégate, ce qui présage de nouvelles responsabilités : il est en effet désigné peu après pour le poste d’officier en second de la "Base d’Aéronautique d’Hyères", et la famille qui s’est bien agrandie lors de son séjour en Tunisie, retraverse la Méditerranée pour s’installer sur les hauteurs de Costebelle qui surplombent la base.
Il est promu capitaine de frégate le 4 octobre 1936.
Au début du mois d’octobre 1937, Christian Le Mintier est désigné pour prendre le commandement du "3e Dépôt des Équipages" à Lorient ( ce n’est en fait qu’une affectation très temporaire le temps de la constitution de la toute nouvelle entité administrative d’une unité en construction aux "Ateliers et Chantiers de la Loire" à Penhoët (Saint-Nazaire) : le cuirassé "Strasbourg".
Le bâtiment qui a été mis à flot le 12 décembre 1936 prend armement pour essais en octobre de l’année suivante, et Christian qui fait partie du premier noyau d’équipage est désigné, le 11 octobre 1937, comme chef du service intérieur, poste qu’il occupera au-delà de l’admission au service actif du "Strasbourg" prononcée le 24 avril 1939 après une longue période d’essais effectués à partir du port de Brest.
Le 25 janvier 1940, il est désigné pour prendre le commandement du contre- torpilleur "Lynx, et il prend ce commandement le 24 avril à Brest. Avec le ″Tigre″ et la ″Panthère″, ils constituent la ″4e Division de Contre-Torpilleurs″ de la ″Force Maritime de l’Ouest″, mais au moment où Christian embarque sur le ″Lynx″, le bâtiment est placé en entretien pour bénéficier de quelques améliorations techniques.
Travaux terminés, le contre-torpilleur rejoint le 27 mai en compagnie du ″Tigre″, en rade de Mers-el-Kébir, la ″Force de Raid″ qui a rallié la Méditerranée pour s’opposer à la Marine italienne.
Le 18 juin, jour de l’appel du Général de Gaulle, sa fille Monique naît à Vivonne au domicile des parents de son épouse, le château de la Planche. (Elle aura comme 2e et 3e prénoms France et Victoire).
Le 22 juin, quelques jours donc après cet heureux événement, l’armistice entre la France et l’Allemagne est signé. Churchill craignant que la Flotte française ne tombe entre les mains des Allemands déclenche l’″Opération Catapult″.
À Mers-el-Kébir, dès que l’amiral Gensoul en donne l’ordre, les contre- torpilleurs qui étaient mouillés sur ancre, étrave vers le large, dans l’anse de Saint-André peuvent appareiller très rapidement. Ils se dirigent vers la passe pour se ruer vers l’escadre anglaise qui commence à se dissimuler derrière un rideau de fumée. Malheureusement, le "Mogador", en tête, est touché par un obus de 380 et un éclat fait exploser les grenades anti-sous-marines : le bâtiment est coupé en deux. Le "Lynx", quatrième de la ligne de file est lui- même atteint, mais sans gravité, par un éclat provenant de l’impact sur la digue d’un autre obus.
L’action du contre-torpilleur durant cette tragédie est résumée par la citation suivante à l’ordre de l’Armée de Mer qu’il recevra (ordre n° 1760 FMF3 du 9 septembre 1940) :
"Sous le commandement du capitaine de frégate Le Mintier, le 3 juillet 1940 au cours de l’agression de Mers-el-Kébir, a réussi par une brillante manœuvre à sortir du port sous un feu très violent d’artillerie de 380. Par la suite, assurant la protection du Strasbourg, a engagé, avec vigueur, deux destroyers, un sous- marin et des avions britanniques".
Après ces phases de combat, la réserve en combustible du bâtiment ne lui permettra plus de donner toute la vitesse nécessaire pour rejoindre le "Strasbourg" avant Toulon.
Le 20 octobre 1940, à l’issue d’un commandement qui en raison des bouleversements de situation que connaît la France aura été bref, mais d’une rare intensité, le CF Le Mintier prend, le 12 décembre 1940, le commandement du "Groupe des Torpilleurs en Gardiennage à Bizerte".
Ces bâtiments se trouvaient dans cette position en raison des clauses de l’Armistice signé le 22 juin précédent, mais après Mes-el-Kébir, les Allemands acceptent, avec de strictes restrictions limitant leurs capacités d’action, le réarmement d’une partie de la flotte, et le 12 juin 1941, le CF Le Mintier prend, à Bizerte, le commandement de ce qui est désormais la "12e Division de Torpilleurs" composée, à cette date, de trois torpilleurs légers (600 tonnes), "L’Iphigénie", la "Bombarde", et "La Pomone", bâtiment chef de division dont il assume personnellement, le commandement.
Ces torpilleurs rapides, mais d’une robustesse insuffisante pour la haute mer, n’effectueront que des missions de surveillance le long des côtes d’Afrique du nord.
Le commandement du CF Le Mintier qui se déroulera sans événement notoire s’achève le 7 mai 1942.
À cette date, il a déjà été informé qu’il prendra, à son retour en métropole, le commandement du "Bataillon de Marins Pompiers de Marseille", unité crée en juillet 1939 à la suite de l’incendie du grand magasin "Nouvelles Galeries" situé sur la Canebière, tragédie qui fit plus de 70 victimes. Fidèle à son tempérament, Christian Le Mintier transmettra durant pratiquement une année tout son dynamisme à ses hommes.
Malheureusement, le 27 novembre de cette année-là, la flotte se saborde à Toulon et le ciel semble s’écrouler sur la tête de tous ces marins qui n’ont en rien démérité : la vision cauchemardesque du "Strasbourg", du "Lynx" et de "La Pomone" éventrés le long des quais à Toulon a dû constituer un terrible choc pour le capitaine de frégate Le Mintier !
Seul rayon de soleil pour la famille en cette période particulièrement dure à vivre pour tous les Français, la naissance à Vivonne, le 19 février 1943, de leur 3e fille Anne-Marie qui sera leur dernier enfant.
Le 7 juillet 1943, Christian Le Mintier est nommé pour la défense passive de Marseille ; le 13 novembre, il est placé en congé d’Armistice, et le 6 mars 1944, sans doute écœuré par un tel gâchis, demande sa mise à la retraite, désireux désormais de se consacrer à l’éducation de ses enfants. Sa demande est acceptée. Il quitte la Marine le 6 mars 1944, mais est toutefois promu capitaine de vaisseau le 15 de ce mois.
Il se retire avec sa famille au Gouray, et s’y trouve en compagnie de son épouse, de sa sœur Alberte, épouse de Pétigny de Saint-Romain, et de leur employée de maison d’origine alsacienne, Gertrude Baumgarten, au moment de la Libération.
Le 26 juillet 1944, trois corps sont découverts dans la forêt de la Hardouinais, au lieu-dit La Fenderie, sur la commune de Merdrignac (22) : ils sont identifiés comme étant ceux de Christian Le Mintier, son épouse et sa sœur.
Le 7 août suivant, le corps de Gertrude Baumgarten est retrouvé dans le bois de Bosseny, sur la commune de Saint-Gilles-du-Mené située à une quinzaine de km de Merdrignac.
Ils ont tous-quatre été enlevés le 11 juillet 1944 au château de la Motte-Basse, puis exécutés par des éléments "non-contrôlés" de la Résistance locale.
Le capitaine de vaisseau Christian le Mintier de la Motte Basse, son épouse et sa sœur reposent désormais dans le caveau familial de la chapelle du château du Gouray.
Ce n’est que bien plus tard que, sur avis du Ministre des Anciens Combattants en date du 12 juin 1964, la mention ″Mort pour la France″ a été attribuée aux victimes.
À leur décès, les sept enfants du couple ont été déclarés "Pupilles de la Nation" et adoptés par Godefroy, frère de Christian, devenu l’aîné de la fratrie depuis le décès d’Henri, capitaine au "248e Régiment d’Infanterie", "Mort pour la France" le 30 juin 1916 lors de l’attaque de l’ouvrage de Thiaumont, près de Verdun.
Le nom du capitaine de vaisseau Le Mintier, comte de la Motte-Basse, ainsi que ceux de son épouse, née Henriette Aymer de la Chevalerie, et de sa sœur Alberte, épouse de Pétigny de Saint-Romain, sont gravés sur une plaque apposée au Monument aux Morts du Gouray ; il est également inscrit sur une plaque du souvenir accrochée sur un monument situé dans l’escalier central du collège Saint-Charles de Saint-Brieuc. Par ailleurs, une rue située dans le quartier de Kerino à Vannes (56), quartier où la famille a des attaches ancestrales, porte également son nom.
- Légion d'Honneur (chev.)
- Croix de Guerre 14-18 avec étoile (s)
- Croix de Guerre 14-18 avec palme(s)
- Croix de Guerre TOE avec étoile
- Médaille coloniale - Tonkin
- Citation à l'Ordre de l'Armée
- Citation à l'Ordre de la Division
- Citation à l'Ordre du Bâtiment Jeanne d'Arc 1916
- Officier du Phénix de Grèce
- Dossier de la famille Le Mintier (avec son aimable autorisation)
- Service Historique de la Défense (Vincennes)
- ″La flotte française au secours des Arméniens″ (Georges Kevorkian)
- ″Les Marins français dans la tourmente″ (Jean-Jacques Antier)
Bataillon des marins-pompiers de Marseille
Les premiers hommes du feu à avoir été employés à Marseille furent affectés au combat des incendies en 1816. Toutefois, ce n'est qu'en 1938 que le bataillon des marins-pompiers, une unité de la marine nationale, a été officiellement mis sur pied. Celui-ci dessert la commune, ses ports et son littoral.