Albert Francis Marie Lardoux
est né le 26 mai 1923 à Brusvily (Côtes-d'Armor (22))
Sa maman, née Marie Françoise Suas se consacre à sa famille : Albert est le quatrième d’une fratrie qui comprendra 5 garçons !
Son père Arthur Lardoux est carrier à Brusvily. La commune est en effet marquée par l’exploitation du granit gris, deux carrières sont d’ailleurs encore en exploitation aujourd’hui.
Occupée dès l’antiquité gallo-romaine, Brusvily se situe au sud-ouest de Dinan, en bordure de la rivière du Guinefort et des deux réserves d’eau de Dinan (Val et pont Ruffier). Deux bassins versants couvrent environ un tiers de la commune.
Elle offre un cadre de vie agréable avec des espaces de promenades en forêt, au bord de l’eau ou dans les landes.
A l’issue d’une scolarité primaire effectuée à l’école de la commune, au milieu des siens, l’enfant, sans doute intéressé par la Marine, entre à "l’Ecole des Pupilles de la Marine" rue Villeneuve à Brest. Les journées, ainsi que le montre un film d’archives, y sont bien remplies : lever matinal, exercice physique, scolarité assidue, ainsi que préparation à une formation professionnelle, et, bien sûr, à la vie militaire, sous le contrôle de l’Etat-major qui vient passer la revue.
Cet entraînement rigoureux porte ses fruits, il est admis le 7 avril 1939 à "l’Ecole des mousses", sept semaines avant ses 16 ans et embarque immédiatement sur le navire-école "Armorique". Le 31 août de la même année, il s’engage comme volontaire et devient apprenti-marin.
Le 3 septembre, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne qui a envahi la Pologne : c’est le début du second conflit mondial. Albert a 16 ans depuis 3 mois seulement.
Le jeune marin poursuit sa formation de canonnier et est promu matelot de 2ème classe, le 1er avril 1940. Il embarque alors à bord du cuirassé "Courbet" qui sera dès le mois de mai affecté à la défense de Cherbourg.
Mis en chantier en 1910, le navire a par la suite été deux fois incendié, puis remis à neuf, et vient d’être rééquipé d’une défense anti-aérienne : à ses 12 canons de 305 mm disposés en six tourelles doubles, ses 22 pièces de 138 mm réparties en huit casemates latérales, s’ajoutent sept pièces de 75 mm, sept de 37 mm et 4 mitrailleuses de 13,2 mm, lui donnant une puissance de feu considérable. Même si c’est un vieux bâtiment, cette puissante artillerie lui permet en mai-juin 1940 lorsque les Allemands de Rommel encerclent la ville de Cherbourg de participer avec succès à plusieurs combats contre la Luftwaffe, et au retrait de 30 630 soldats alliés bloqués dans la ville.
Il contribue même, les 18 et 19 juin à la destruction au canon d’une colonne motorisée allemande dans la région de Carentan.
Canonnier, le jeune Albert a dû être particulièrement sollicité.
Le 13 juin 1940, au début de la bataille de Cherbourg, il écrit dans la nuit à son frère Francis que sa santé est excellente, mais laisse échapper que quand il se déplace, « ce n’est plus pour une promenade de santé », et, plus loin, s’excusant de son écriture « je suis de veille à minuit, alors je suis à moitié fatigué. »
En dépit du courage de ses valeureux défenseurs, Cherbourg doit se rendre, et le "Courbet" se replie aussitôt sur Portsmouth où il sera comme tous les navires français basés hors de la métropole, saisi le 3 juillet sur ordre de Churchill.
La dernière lettre d’Albert à son frère, lettre portant un tampon poste navale Casablanca, et particulièrement censurée est datée du 22 juin 1940 « surtout, je ne cours aucun danger ».
Toujours ce même souci, chez Albert, qui va se joindre aux FNFL, de rassurer les siens.
La base de Portsmouth : elle constitue pour ainsi dire le berceau des FNFL, Forces Navales Françaises Libres, constituées de marins de tous grades, civils de tous âges et de toutes provenances. C’est à eux qu’est restitué le "Courbet" le 10 juillet, ce sont eux qui le réarment.
Tous reçoivent une formation accélérée à la mise en œuvre de la DCA, les attaques aériennes sont quotidiennes, les postes de combat interminables, et la fierté est grande de voir attribuer au "Courbet" le 12 août, moins de deux mois après l’armistice, la destruction de deux des cinq avions allemands abattus au cours d’une attaque particulièrement violente, dont l’une des cibles était le cuirassé français.
Jusqu’en mars 1941, ses munitions CA étant alors épuisées, il contribue à la défense du port et de l’arsenal de Portsmouth, puis on le désarme et il sert de dépôt.
Le 1er avril, Albert embarque alors à bord de l’escorteur "Vikings". Sorti des chantiers Hall Russel d’Aberdeen, Ecosse, en 1935, ce chalutier à turbine est la propriété d’un armement fécampois et l’un des navires les plus récents de la flotte de pêche française.
En 1939, il est réquisitionné par la Marine nationale et équipé d’un armement de lutte anti-aérienne afin de servir d’escorteur, puis saisi par les Anglais en juillet 1940, avant d’être réarmé par les FNFL. Premier navire FNFL à intervenir en méditerranée orientale, le "Vikings" escorte des convois et rallie Beyrouth en décembre 1941. Il est torpillé et coulé le 16 avril 1942, à 21h, au large de Saïda (23 miles dans le 240 de Beyrouth) par le "sous-marin allemand U81", basé à Brest, qui avait quitté La Spezia (port militaire de Gênes, Italie) pour Salamine. Il y a eu 41 victimes, au rang desquelles le matelot Albert Francis Marie Lardoux, porté disparu.
Il n’avait que 18 ans.
Une plaque commémorative honore sa mémoire sur la tombe familiale du cimetière de Brusvily (22)
Le bâtiment a été cité à l’ordre de l’Armée.
- Médaille Militaire
- Croix de Guerre 39-45 avec étoile (s)
- Citation à l'Ordre de l'Armée
Vikings
Chalutier de Fécamp, réquisitionné en 1939, puissamment armé, saisi par les Anglais en juillet 1940, réarmé par les FNFL, il escorte des convois et rallie Beyrouth en décembre 41.
Il est torpillé et coulé le 16/4/1942, à 21h, au large de Saïda (23 mille...