Saint-Corentin - Patrouilleur auxiliaire
Le chalutier Saint-Corentin a été construit en 1908 au chantier naval Smith's Docks Co Ltd à North Shields au Royaume-Uni. Le chantier naval était situé sur la rive nord de la rivière Tyne dans le nord-est de l'Angleterre. Le chalutier est mis à flot le 23 novembre 1908, le même jour que son sister-ship Saint-Guénaël. Il est mis en service et armé par la Compagnie Lorientaise de Chalutage dont le siège est au port de pêche de Lorient (Morbihan). Il porte le numéro de coque 396.
Caractéristiques
Le chalutier d'un tonnage de 216 tonneaux de jauge brute mesure 34,14 m de longueur, 6,40 m de largeur et 3,53 m de creux. Il est propulsé par une hélice entrainée par une ligne d'arbre accouplée à une machine alternative à vapeur à triple expansion d'une puissance nominale (NHP) de 490 chevaux vapeur, construite par la société Shields Engineering Co Ltd à South Shields.
Activités du chalutier
Dès sa mise en service, le chalutier fait des campagnes de pêche au chalut au large à partir de Lorient. Le 4 février 1913, Joseph Le Bourlès, patron de pêche du chalutier "Eider", prend le commandement du chalutier Saint-Corentin pour les campagnes de pêche au large.
Réquisition du bâtiment pour la guerre
Le 2 août 1914, le chalutier Saint-Corentin est réquisitionné par l'état français pour être employé par la marine nationale comme patrouilleur auxiliaire chargé de la surveillance maritime pour la durée de la guerre contre l'Allemagne. Le bâtiment rejoint le port de Brest pour subir des transformations. Les travaux consistent à installer une pièce d'artillerie à l'avant du navire, à aménager des soutes à munitions et augmenter la capacité de logement de l'équipage. Le bâtiment est armé par un équipage de 19 hommes, placé sous le commandement de l'enseigne de vaisseau de 1re classe Le Buhé Olivier. Celui est secondé par le second maître de manœuvre Leuregans Charles, ex capitaine au cabotage (Off en snd), et par le second maître de manœuvre Le Bourgès Joseph, ex patron pêcheur (Off en 3e).
Le 8 novembre 1914, le bâtiment rejoint le port de Cherbourg, où il intègre la "Défense fixe". Le bâtiment a pour mission d'effectuer des patrouilles de surveillance en Manche dans le secteur de Dunkerque.
Le 29 avril 1916, le patrouilleur Saint-Corentin qui se trouvait en patrouille entre la bouée de Gravelines et les alentours du bateau feu Dick aperçoit un sous-marin ennemi. Ce submersible est l’UC 6, commandé par le lieutenant de vaisseau Matthias Graf Von Schmettow qui cherche à gagner le large par le nord du bateau feu après avoir largué son chapelet de mines dans le chenal d'accès au port de Dunkerque. A 18 h 30, le patrouilleur, qui se trouvait au milieu du chenal, engage un tir d'artillerie sur le sous-marin qui réussit à prendre la fuite. A 19 h 15, en franchissant la passe nord du port de Dunkerque, le bâtiment saute sur une mine et coule en quelques secondes. L'explosion provoque la mort de 11 membres de l'équipage, huit disparus en mer, un marin mortellement blessé décédé à l'hôpital militaire, et deux marins portés disparus dont les corps sont retirés de la rade quelques jours plus tard.
L'épave du patrouilleur est localisée par 51° 03' 51" N et 02° 10' 48" E.
Le patrouilleur auxiliaire Saint-Corentin, ex chalutier, est cité à l'ordre de l'Armée en ces termes : "Chalutier Saint Corentin : A sauté sur une mine allemande, le 29 avril 1916, alors qu’il était en surveillance aux abords de Dunkerque ; a coulé en quelques secondes ; onze hommes ont disparu avec le bâtiment ; tous à bord ont donné le plus bel exemple de sang-froid et d’énergie" (journal officiel du 15 septembre 1919). Cette citation comporte la Croix de guerre avec palme.