Joseph Casimir Lopin
est né le 22 novembre 1906 à Moëlan-sur-Mer (Finistère (29))
Ses parents sont tous deux originaires de Moëlan (de nos jours, Moëlan-sur-Mer), commune du sud Finistère située au sud de Quimperlé et toute proche de la mer. Sa mère, Marie Yvonne, née Mahé, est issue d’une famille de cultivateurs établis au hameau de la Villeneuve, et du côté de son père, François Louis, qui exerce la profession de marin pêcheur, la famille a élu domicile au lieu-dit Kerscoazec.
C’est là que Joseph Casimir, et son frère aîné, Pierre Louis, né en août 1904, passent une bonne partie de leur prime jeunesse non loin du petit port de Brigneau dont la ria bien abritée sert de havre pour le ″Kléber″ sur lequel les garçons entament tout naturellement une formation maritime sous la conduite bienveillante de leur père ; mais à leurs âges, ils vivent cet apprentissage comme un amusement.
La Première Guerre mondiale vient rompre cette quiétude.
Au début du conflit les besoins de l’armée de terre sont tels que, bien qu’inscrit maritime, le père, mobilisé le 20 février 1915 (Joseph a huit ans), est affecté au ″6e Régiment d’Infanterie Coloniale″ stationné à Lyon en dehors des périodes d’opérations. Trois mois plus tard, un détachement dont François fait partie est envoyé en renfort du ″6e R.I.C.″ qui se bat dans l’un des secteurs les plus durs du front : la forêt d’Argonne. À l’aube du 11 août, l’ennemi prononce une attaque terrible au bois de la Gruerie, infligeant au régiment des pertes énormes (plus de 1000 hommes tués, blessés ou disparus entre le 11 et le 12 août) mais sans que les unités françaises ne cèdent de terrain. Blessé, François est évacué pour être soigné localement et ne retourne à Lyon qu’au mois de mars 1916. Le 11 juillet il est réformé et peut dès lors retrouver son épouse et ses enfants en Bretagne
Peu à peu la famille retrouve sa stabilité : le père reprend son bateau tandis que les enfants suivent leur scolarité à l’école publique de Kerouze à Moëlan ; et que la famille s’agrandit encore par la naissance, en mai 1917, d’un troisième garçon, Joseph Marie.
Attiré par la mer, et sans doute aussi un peu poussé par son père, Joseph Casimir est très tôt enregistré à l’Inscription maritime comme inscrit provisoire, mais il lui faut attendre d’avoir 18 ans révolus pour embarquer, le 9 avril 1925, comme matelot sur le ″Kléber″ qui pratique la petite pêche, celle qui dure moins de vingt-quatre heures.
À la fin de l’année suivante, il a déjà l’âge pour satisfaire à ses obligations militaires, et, le 29 novembre 1926, il se rend au ″2e Dépôt des Équipages″ à Brest où il contracte un engagement de trois ans dans la Marine nationale, premier engagement qui sera suivi ultérieurement de trois autres de même durée, puis d’un dernier de deux ans.
À l’issue d’une courte période de formation militaire de base, il embarque, le 14 décembre à Toulon, sur le croiseur cuirassé ″Marseillaise″ qui sert de bâtiment d’entrainement au tir pour les canonniers ; il en sort avec le brevet élémentaire de la spécialité et le grade de matelot de 2e classe avant de rallier, le 1er juillet 1927 la ″1re Flottille de torpilleurs de la Méditerranée″ où il complète sa formation.
Le 1er septembre 1928, il est désigné pour le cuirassé ″Paris″ qui, à cette date, bénéficie à Toulon d’une rénovation de ses systèmes de conduite de tir avant de réintégrer, au 1er janvier de l’année suivante, la ″2e Division de la 1re Escadre de Méditerranée″. Joseph est promu à la 1re classe de son grade le 1er juillet 1929, trois mois avant de quitter cette unité.
Après un séjour au ″3e Dépôt″ à Lorient, il embarque, le 1er janvier 1930 sur le croiseur ″Tourville″ dont le champ d’activité pendant son séjour à bord se limite presqu’exclusivement au secteur oriental de la Méditerranée, si ce n’est, entre octobre 1930 et janvier 1931, une croisière d’instruction aux Antilles durant laquelle Joseph étrenne ses galons de quartier-maître.
L’été 1932 marque un tournant important dans sa vie : le 16 juillet, il se marie avec Catherine Loarer, originaire comme lui de Moëlan, et fille de cultivateur.
Il débarque du ″Tourville″ le 1er octobre pour un passage de trois mois au ″3e Dépôt″ à Lorient, ce qui lui permet d’être un peu présent auprès de son épouse, car le métier de marin reprend rapidement le dessus et il est désigné pour l’aviso colonial ″D’Entrecasteaux″ qu’il rallie le 1er janvier 1933.
Le bâtiment a été construit aux Chantiers et Ateliers de Provence à Port-de-Bouc, mais est cours d’armement définitif à Lorient au moment où Joseph embarque. Il est admis au service actif le 15 février et durant l’année 1933 effectue des campagnes en Atlantique et dans le Pacifique, si bien que Joseph aura peu de temps à consacrer à son fils, car un petit Pierre est né à Moëlan le 22 octobre 1933.
L’année suivante, l’activité de l’aviso est principalement marquée par un détachement de garde-pêches sur les bancs de Terre-Neuve où il prend la relève de l’aviso ″Ville d’Ys″ à partir du mois de juillet.
Joseph débarque du ″D’Entrecasteaux″ le 29 mai 1935, pour rester en disponibilité pendant 6 mois au ″3e Dépôt″ en attendant d’être affecté, à compter du 1er décembre, sur le torpilleur ″L’Iphigénie″ au moment même où le bâtiment entre en armement pour essais aux Ateliers et Chantiers de la Loire à Saint-Nazaire.
Le 6 avril 1936, un second fils, René, vient au monde, toujours à Moëlan, et le 12 mai Joseph reçoit une nouvelle affectation : le contre-torpilleur ″Le Triomphant″. Le bâtiment qui a été construit aux Ateliers et Chantiers de France à Dunkerque entre en service au moment où Joseph le rallie, et il intègre, en compagnie du ″Malin″ et de ″L’Indomptable″, la ″8e Division de contre-torpilleurs″ basée à Brest.
Un troisième fils, Raymond voit le jour le 14 septembre 1937, deux mois avant sa désignation pour un autre contre-torpilleur, ″L’Audacieux″, sur lequel il ne fera que transiter, car le 1er janvier 1938, il met pied à terre, le jour même où il est promu au grade de second maître, pour être placé au ″3e Dépôt″, en attente d’une nouvelle affectation embarquée.
Cette affectation sera le croiseur ″Pluton″ qu’il rallie le 23 mars 1938. Le bâtiment vient de bénéficier à Toulon d'un carénage de trois mois afin d'effectuer divers travaux d'entretien principalement sur ses machines et, a l'issue, a reçu l'ordre de rallier Lorient avec pour perspective de l'intégrer dans une toute nouvelle "5ème Escadre" au sein de laquelle il seconderait la "Jeanne d'Arc" comme navire école,mais ce, seulement à partir du 6 juin 1940 et sous le nom de "La Tour d'Auvergne".
En fait, la nouvelle organisation prévue ne verra le jour que sur "le papier", car à l'approche de la seconde guerre mondiale, l'état major décide de reconfigurer le "Pluton" en mouilleur de mines, sa destination première ; cette adaptation se fait à Brest qui, de facto, devient son nouveau port d'armement (voir l'article complet figurant sur ce site).
Mais durant cette année 1938, la fratrie de la famille Lopin s'est agrandie, le 24 septembre, par la naissance, après trois garçons, d'une petite fille, Marie-Louise qui, malheureusement ne connaîtra pas beaucoup son papa.
Le 2 septembre 1939, le commandement envoie le croiseur en mission au Maroc pour disposer des barrages de mines destinés à protéger les atterrages du protectorat, dans l'éventualité d'une attaque de croiseurs de bataille allemands. Le bâtiment arrive à Casablanca le 5 septembre 1939, trois jours après la déclaration de guerre; mais les circonstances et les renseignements en possession de l'amirauté l'incitent à réorienter la mission initiale du "Pluton", et, dans la nuit du 12 septembre, l'ordre de mise en place du barrage est annulé : les mines doivent être débarquées rapidement. Et c'est au cours de cette opération très délicate que, le 13 septembre 1939, le "Pluton" explose à quai.
sur le croiseur 196 hommes sont morts dans cette tragédie, dont 171 qualifiés de "présumés disparus" car ils n'ont pas été retrouvés ou dont on n'a pu identifier les corps avec certitude : ils sont immortalisés au cimetière de Ben M'Sick de Casablanca par autant de croix portant l'épitaphe : "Inconnu" "Le Pluton"- Mort pour la France le 13.09.1939".
Tous ces marins ont été cités à l'ordre du Corps d'armée, chacun en ces termes : "Tombé glorieusement pour la France à son poste de combat";
Le second maître canonnier Joseph Casimir Lopin laissait une veuve de 27 ans et quatre très jeunes enfants, puisque l'aîné, pierre, venait d'avoir 6 ans , et la plus jeune, Marie- Louise , tout juste 1 an, ils furent déclarés "Adoptés par la nation".
En 1951, il a été nommé au grade de chevalier dans l'ordre de la légion d'honneur à titre posthume.
Son nom est inscrit sur le Monument aux morts de Moëlan-sur-Mer.
En novembre 1964, son fils Pierre, marin pêcheur, balayé par une lame sur le pont du chalutier groisillon " Simoun" , a disparu en mer.
- Légion d'Honneur (chev.)
- Médaille Militaire
- Croix de Guerre 39-45 avec étoile (s)
- Citation à l'Ordre du Corps d'Armée
Pluton
Construit à Lorient en 1931. Le Pluton devant être appelé à servir de transport de troupes, il convenait de débarquer les mines stockées à bord dans des camions attendant le long du quai de Casablanca. Au rapport du cpt de frégate Benac, second du navire, c'est au cours de son désamorçage, qu'une mine a explosé, faisant sauter en chaîne d'autres mines et diverses munitions, éventrant le navire qui a coulé par l'arrière, et dévastant les quais...