Pierre Henri Septime Bertrand de Saussine du Pont de Gault
est né le 20 avril 1903 à Paris (7ème) (Paris (75))
Fils de Henri Marie Thérèse (43 ans) comte de Saussine, compositeur de musique et de Villedieu de Torcy Marie Camille (39 ans) sans profession, Pierre Henri Septime Bertrand dit "Bertrand" comme le veut la coutume de l’époque, est le 6è enfant d’une fratrie qui comptait déjà 4 filles et un frère décédé à 3 ans. Ils habitent un somptueux hôtel particulier au 16 rue Saint Guillaume (7è).
, après de brillantes études parisiennes avec son ami Antoine de Saint Exupéry au lycée Bossuet puis au lycée Saint Louis, il intègre l’"Ecole Navale" le 30 septembre 1922. Ce penchant pour la mer lui vient sûrement des vacances passées chez ses cousins au "château de Kervéatoux", à Plouarzel (29).
Après deux années à l’"Ecole à terre " à Brest, plus précisément à Laninon, il embarque sur le croiseur cuirassé "Jeanne d’Arc", école d’application. Sorti 4è de sa promotion, et promu enseigne de vaisseau de 1ère classe le 1er octobre 1926, il rallie le cuirassé "Paris" de l’escadre de Méditerranée avant d’être affecté le 1erjanvier 1928, pendant onze mois, comme instructeur sur l’aviso "Ancre" à l’"école de pilotage " à Saint Servan.
Entre temps, par jugement du tribunal civil de l’Hérault, en date du 25 juillet 1927, Pierre est autorisé à ajouter à son nom patronymique celui de ῍ de Saussine du Pont de Gault ῍ au lieu de ῍ de Saussine ῍, ceci pour reprendre le nom de sa grand-mère, ῍ du Pont de Gault῍. Puis sa vie privée prend un nouveau tournant, le 19 avril 1930, à La Valette (83), où il épouse Wilhemsen Gertrude Else Marie qui lui donnera un fils prénommé Henri, Jean, Wilhem.
Après des embarquements de trois mois, respectivement sur le transport côtier "Loiret" comme commandant, puis sur le croiseur "Thionville", il rejoint le 1er août 1929 le cuirassé "Condorcet", bâtiment école des torpilleurs et des électriciens. Il en sort le 1er octobre avec le brevet d’officier torpilleur et le grade de lieutenant de vaisseau, pour rallier le sous-marin "Dauphin" comme officier en troisième.
Sa carrière est désormais toute tracée, Bertrand sera sous-marinier. Mais pour ce faire, il doit passer le certificat d’aptitude à la navigation sous-marine qu’il obtient avec brio en 1931. Grâce à ses excellents états de service, il passe officier en second de ce même "Dauphin" en 1932. Par décision ministérielle du 1er février 1933, il reçoit un témoignage officiel de satisfaction :"…pour les succès du Dauphin lors du concours d’honneur de 1932."
Débarqué le 18 janvier 1933, il rejoint la "Majorité Générale " à Toulon avant d'être désigné le 1er mai, au choix, comme officier en second du sous-marin "Diamant" en construction à Toulon. Reconnu pour ses excellentes compétences professionnelles et humaines, il se voit attribuer le commandement du sous-marin "Antiope" à la "2e escadrille" en 1934 puis sous-marin mouilleur de mines "Nautilus" en 1936 à Toulon. En 1937, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur et affecté comme "aide de camp de l'amiral préfet maritime" de Brest. Sa disponibilité et ses qualités intrinsèques sont une nouvelle fois reconnues et c'est pourquoi en 1938, il reçoit le commandement du sous-marin "Poncelet" à la "2ème escadrille de sous-marin" puis la "4è escadrille" à Bizerte.
Le 28 septembre 1939, en mission de surveillance au large des Açores, il arraisonne et capture le cargo "Chemnitz" battant pavillon de commerce allemand à croix gammée, chargé de blé, d'orge, de farine et de plomb. Il le ramène fièrement et chevaleresquement, avec son équipage de prise, à Casablanca où il reçoit les honneurs militaires.
Cette action lui vaut par décision ministérielle n°9498 PM1 du 25 novembre 1939 la citation suivante : "A fait preuve de très belles qualités militaires dans la capture et l’amarinage d’un navire ennemi qu’il a réussi, malgré la distance, à ramener au port.", par là-même l'attribution de la croix de guerre avec étoile de vermeil et l'inscription au tableau d'avancement pour le grade de capitaine de corvette, effectif en janvier 1940.
Par ailleurs, par décision ministérielle du 27 février 1952, le sous-marin "Poncelet" a reçu la citation suivante à l’ordre du corps d’Armée : "le 28 septembre 1939, en mission de surveillance au large des îles Açores, le Poncelet, commandé par le lieutenant de vaisseau de Saussine du Pont de Gault a arraisonné et capturé le vapeur allemand "Chemnitz῍ grâce à l’énergie, au sang-froid et à l’esprit de décision de chacun". Le "Chemnitz" désormais sous pavillon français reçoit alors le nom mérité de "Saint-Bertrand".
Après cette héroïque prise, le "Poncelet" revient à Brest puis à Cherbourg pour une révision générale avant de rejoindre Casablanca le 23 juin 1940. Là après l'attaque par la marine britannique du cuirassé "Richelieu" Bertrand appareille pour Dakar. Conscient de l'incertitude qui règne dans l'empire africain, scrupuleux et grand serviteur de la patrie il déclare à son équipage : "Il faut nous tenir prêts, plus qu'avant, à tous les sacrifices". En septembre, il reçoit la mission du gouvernement de Vichy, en compagnie de l'aviso colonial "Bougainville", de surveiller la côte gabonaise contre toute intervention britannique et des bâtiments de la France Libre.
Le 7 novembre à 07h30, il appareille de Port-Gentil, échappe à une attaque aérienne et doit détruire tout bâtiment intrus qu’il peut rencontrer. Il repère, identifie l’aviso anglais "Milford" et tire sur lui deux torpilles. Cependant l’aviso, en évitant l’une d’elles, a détecté le sous-marin et commence son grenadage, tandis que le moteur de la seconde restée coincée dans son tube dégage une fumée et des gaz toxiques asphyxiant les 10 hommes de la tranche. Malgré ses tentatives de dilution, le "Poncelet" est touché, Bertrand après une analyse fine de la situation fait surface pour régénérer l’air mais sous la menace d’un avion et des tirs de l’aviso, il reprend la plongée. Le bateau est gravement endommagé par ces attaques et victime d’une voie d’eau. Dès lors Bertrand a déjà son plan en tête, il veut sauver son équipage. Alors il fait surface et ordonne : "Aux postes d’évacuation", puis "Tout le monde à la mer". Tandis que son équipage est sauvé par l’aviso britannique, lui ouvre les purges et sombre en vrai chevalier avec son bâtiment, sous le triple "hourra" et "la Marseillaise" d’un équipage admiratif et respectueux de leur commandant.
Par décret du 23 novembre 1940, Bertrand est promu officier de la Légion d’honneur et cité à l’ordre de l’Armée de Mer (Ordre n°2666 FMF3 du 13 août 1941) avec le motif suivant : "le 7 novembre 1940, au cours des opérations de défense du Gabon, a combattu six heures durant, jusqu’à épuisement complet des moyens d’action de son bâtiment. Pour ne pas rendre à l’ennemi le Poncelet désemparé et assurer sa destruction totale, s’est volontairement englouti avec son sous-marin en ouvrant lui-même les vannes de plongée, panneaux ouverts. A ainsi mérité que son nom soit inscrit après ceux de Primauguet, Bisson et Morillot, dans les annales des plus pures gloires maritimes".
De même par ordre n°2520 FMF3 du 22 novembre 1940 l’aviso "Bougainville" et le sous-marin "Poncelet" ont reçu la citation suivante à l’ordre de l’Armée de Mer : "Commandés respectivement par le CF Morin et le CC de Saussine du Pont de Gault, ont pendant deux mois avec une constance et un dévouement de tous les instants, constitué le pivot moral et matériel de la défense du Gabon pour laquelle ils ont glorieusement succombé."
Par cette mort héroïque à 37 ans, fidèle à la devise de ses ancêtres " Plutôt mourir que faillir", Bertrand laisse derrière lui une femme éplorée et un fils âgé de quatre ans. Il totalise 18 ans de service actif dont 16 embarqué.
Son nom figure sur : le mémorial des sous-mariniers à Toulon, le monument aux morts d’Espondeilhan (34), une plaque tombale au père Lachaise (14è) enfin une rue de Toulon porte son nom.
- Légion d'Honneur (chev.)
- Croix de Guerre 39-45 avec étoile (s)
- Croix de Guerre 39-45 avec palme (s)
- Citation à l'Ordre de l'Armée de Mer
- Citation à l'Ordre du Corps d'Armée
Notes de Charles-Henri de Gouvion Saint Cyr sur la fin héroïque de Bertrand de Saussine
Un marin de légende, Bertrand de Saussine, par Antoine Redier
Espace Tradition Ecole Navale
Pages d’histoire navale, par Michel Perchoc
Marins héroïques par Pierre Varillon
Poncelet
Le sous-marin Poncelet fait partie des trente et un sous-marins de « 1500 tonnes », à double coque, réalisés selon les plans de l’ingénieur général du Génie Maritime Roquebert, qui a été à la tête de la conception d’une centaine de sous-marins construits ou mis en chantier entre 1920 et 1940.
Le Poncelet a été constru...