Armand Joseph Albert Tellier
est né le 09 février 1899 à Ronchin (Nord (59))
Armand Joseph Albert, fils de Henri Alphonse ingénieur 27 ans et de Palmire Anne Joséphine Pairon ménagère 23 ans, naît à Ronchin, place du petit Ronchois.
Il effectue de brillantes études à Lille puis à Ostende (Belgique) où son père a été muté de par ses fonctions.
Mais son père décède et sa vie prend un nouveau tournant. Alors qu'il est étudiant ingénieur électricien, il s'engage pour quatre ans dans la marine nationale à Dunkerque le 7 novembre 1918 sous le matricule 7397 comme matelot sans spécialité.
Sorti avec brio de son cours de timonier il est nommé breveté élémentaire de 1re classe pour compter du 1er avril 1920. Il peut dès lors intégrer le cours des "élèves officiers de réserve" à Brest sur le bâtiment école "Armorique".
Pour apprendre son métier et s'amariner, il effectue différentes sorties en mer sur le cuirassé "Justice", le contre torpilleur "Arabe", le croiseur cuirassé "Waldeck-Rousseau" et le croiseur "Edgar Faure". Il est d'ailleurs promu aspirant de réserve le 1er avril 1921 (JO du 26 mai 1921).
Le 7 novembre 1921 il est renvoyé dans ses foyers au 49 rue Boucher de Perthes à Lille et placé dans la réserve de l'armée de mer.
Il reprend alors son métier d'ingénieur électricien à la "Standard française des pétroles" et effectue des périodes de réserve.
Dans ce laps de temps, le 4 août 1923 à Lille, il épouse Suzanne Angèle Marie Labbé.
Il jongle alors entre sa vie civile et militaire et déménage souvent à Lille en 1922 et en 1924 puis à Paris 15e en 1931.
Versé dans l'armée de terre le 19 juillet 1931, il est affecté au "Cmb Génie N°1". Mais son passage dans l'armée de terre est annulé. Il reste dans l'armée de mer où il est affecté au port de Cherbourg le 12 septembre 1932.
Il effectue donc tous les ans des périodes comme en 1933, un mois sur le "Rhin". Ses bons états de service lui valent d'ailleurs une promotion au grade d'enseigne de vaisseau de 2e classe le 15 avril 1933.
En juin 1934 et juin 1935 il est rappelé durant 5 jours à la "Défense du littoral" à Brest. En juillet 1935 il embarque 15 jours sur le contre torpilleur "Epervier" puis en mai 1936, pendant 5 jours, il participe à la "Défense du littoral" de Cherbourg.
L'année 1937 est chargée car il effectue 4 périodes de 27 jours au total comprenant des tirs à la mer sur le "Basque" et des affectations en état-major où il pratique l'anglais et l'allemand qu'il parle couramment. Ses différents commandants le jugent comme un "officier intelligent et actif" qui "s'intéresse beaucoup à la marine" et c'est donc tout naturellement qu'il est promu enseigne de vaisseau de 1re classe.
En 1938, pour compléter sa formation maritime, il obtient le certificat d'aptitude à la cryptographie.
Ses excellents mérites sont récompensés en 1939 par sa nomination au commandement du dragueur auxiliaire "Emile Deschamps".
Son bâtiment, affecté au secteur de Dunkerque, navigue peu car il tient mal la mer, est mal stabilisé et n'est pas démagnétisé. Mais l'opération "Dynamo" est déclenchée et le dragueur "Emile Deschamps" en est une pièce maîtresse.
Dès le 1er juin 1940 il effectue une première rotation vers l'Angleterre où il évacue les prisonniers allemands. Le 3 juin, Armand accepte d'embarquer 500 passagers au lieu des 350 évalués pour son navire, car la poche de Dunkerque est encerclée par l'ennemi et tous ces malheureux civils et militaires savent que leur salut est ce bateau.
Armand appareille à 21h30 et demande à tous pendant le transit : "une immobilité parfaite pour ne pas compromettre la stabilité du bateau surchargé " (Hervé Cras : Jaguar – Chacal – Léopard).
A 06h20 à 6 miles de North Foreland (GB) le dragueur saute sur une mine magnétique et sombre en quelques secondes emportant avec lui son commandant. Seul une centaine survivront à ce drame.
Le corps d'Armand sera retrouvé le 31 juillet 1940 sur l'île de Vieland (Friesland) et inhumé au cimetière militaire français de Kapelle (Zeeland).
Par décret du 5 août 1940, il a été nommé chevalier de la légion d'honneur et reçu la croix de guerre avec palme.
Son nom figure sur la plaque commémorative de l'église Saint Pierre de Montrouge Paris (14e).
Il laisse derrière lui une épouse éplorée sans enfant, qui pour subvenir travaillera au ministère de la Marine.
Par ordre n°487 FMN1 du 31 mai 1940, le dragueur "Emile Deschamps" commandé par l'EV1 Tellier a reçu la citation suivante à l'ordre de l'armée de Mer :
"Navire dont les équipages ont la plus haute idée du sacrifice à la Patrie. Tous les bâtiments, à tour de rôle, ont assuré la garde et l'assainissement permanent des chenaux d'accès du port de Dunkerque, mitraillés et bombardés par l'ennemi, qui leur a fait subir des pertes importantes; les équipages ont accompli stoïquement leur devoir malgré l'infériorité manifeste de leurs armes et continué à le faire sans faiblir" .
- Légion d'Honneur (chev.)
- Croix de Guerre 39-45 avec palme (s)
Hervé Cras:"Jaguar – Chacal – Léopard"
Emile Deschamps
Navire à passagers de la Cie Normande de Navigation à Vapeur, réquisitionné comme dragueur-auxiliaire (AD 20), quitte Dunkerque le 3 juin à 22h00 aux ordres de l'EV Le Tellier, pour un nouveau transbordement vers l'Angleterre, avec 4 ou 500 hommes à bord.
Presque arrivé à destination, il saute sur une mine à 6 milles de North Foreland à l'embouchure de la Tamise.
Il n'y aura qu'une centaine de rescapés. A bord de l'"Emi...