Michel Revault d'Allonnes
est né le 09 juillet 1917 à Paris 6ème (Paris (75))
Son père Charles Revault d'Allonnes est médecin psychiatre et agrégé de philosophie, sa mère, Henriette Psichari, femme de lettres, est la petite-fille d'un des auteurs français les plus célèbres de la fin du XIXe siècle, Ernest Renan, membre de l'Académie Française et de Jean Psichari , fondateur de la Ligue des droits de l'homme. Il est le neveu d’Ernest Psichari, écrivain, mort durant la guerre 14-18. Michel Revault d'Allonnes naît donc dans une famille d'intellectuels. Il passe son enfance entre la rue Bonaparte à Paris puis la rue Beautreillis et Tréguier, cité balnéaire des Côtes d'Armor, berceau de sa famille maternelle, où il passe ses vacances. Il fréquente l'école Massillon puis le lycée Charlemagne dans le 4e arrondissement de Paris où il aura comme camarade de classe Pierre Messmer, futur ministre du général De Gaulle et premier ministre de G. Pompidou. Après ses deux années de classe préparatoire, élève brillant, il entre à l'Ecole navale le 1er octobre 1935 à seulement 18 ans. Après ses deux années de formation théorique, il embarque comme enseigne de vaisseau de 2e classe, sur le croiseur-école "Jeanne d'Arc" pour assurer sa formation pratique.
Le 1er septembre 1938, il embarque brièvement sur le mouilleur de mines "Pollux" ex-brise-glace russe qui participe à des missions scientifiques. Le 1er octobre 1938, il rejoint l'aviso "Ailette", ce bâtiment, à cette date, est utilisé comme garde-pêche lors des campagnes en Scandinavie. Il le quitte le 24 août 1939 pour une brève affectation sur le cuirassé "Strasbourg". Le 3 septembre 1939, alors que la seconde guerre mondiale est déclarée, sa carrière prend une autre orientation, il embarque sur le sous-marin "Béveziers" à bord duquel il est promu enseigne de vaisseau de 1re classe. Au début de la guerre 39-45, le bâtiment est affecté à la 8e division de sous-marins basée à Brest. A cette époque, il patrouille le long de la côte nord de l'Espagne où s'est réfugiée une partie de la flotte de commerce allemande puis escorte des convois d'Halifax à Liverpool. Il regagne Brest en avril 1940, C'est à Brest que Michel Revault d'Allonnes épouse Sabine Pelleterat de Borde le 16 mai 1940. Puis il part à Casablanca. L'armistice entre en vigueur le 22 juin 1940. Le sous-marin rejoint Dakar le 21 août 1940. Le 23 septembre, les Français libres et les Britanniques attaquent le port, le sous-marin subit des avaries mais même grossièrement remis en état, il parvient à torpiller un cuirassé, l'H.M.S "Resolution". Par ordre DN/AOF du 12 octobre 1940, les enseignes de vaisseau Legras et Revault d'Allonnes du sous-marin "Béveziers" reçoivent la citation suivante à l'ordre de l'Armée:
"Ont fait preuve pendant les attaques des 24 et 25 septembre 1940, d'un calme et d'un sang-froid incomparables, manœuvrant comme à l'exercice, permettant ainsi au commandant de terminer l'attaque en toute liberté." Ce qui leur vaut à tous les deux la croix de guerre avec palme.
Le 6 juin 1941, après avoir acquis le certificat d'aptitude à la navigation sous-marine, Michel Revault d'Allonnes est affecté sur le sous-marin "Argonaute" qui a été mis en gardiennage d'armistice suite à un abordage en plongée avec le torpilleur "Mameluk ». En décembre de la même année, il rallie Oran. Le 7 novembre 1942, le commandement de la marine à Oran est informé de l'approche d'une importante force navale britannique qui escorte des navires de transport et semble prête à débarquer des troupes sur la côte, ce qui est confirmé le 8 vers deux heures du matin.Tous les bâtiments mis en alerte reçoivent l'ordre d'appareiller. Ralenti par l'arrivée des corvettes "Hartland" et " Walney" tentant d'y débarquer des troupes américaines, l'"Argonaute" franchit les passes à 3h34 puis fait route vers le secteur qui lui a été assigné au Nord d'Arzew afin d'attaquer les forces anglaises et américaines qui appuient le débarquement. A 15h17 Le destroyer "H.M.S. Achate" détecte un sous-marin en position pour le torpiller, le porte-avions "Furious" lance un premier chapelet de grenades. A 15h31, après un second grenadage, le destroyer observe une nappe d'huile en surface puis un bouillonnement chargé de débris. L'"Argonaute" a disparu à 20 miles d'Arzew, 43 hommes ont disparu parmi eux un jeune homme de 25 ans, Michel Revault d'Allonnes. Il laisse un orphelin, Philippe, né le 9 mai 1942, qui ne connaîtra jamais son père.
Un décret du 21 juin 1951 lui attribue la Légion d'honneur à titre posthume.
Cité à l'ordre de l'armée de Mer le 9 juillet 1945 pour le motif suivant:
"Engagé à fond avec son bâtiment contre les forces adverses très supérieures, a fait preuve d'un total esprit de sacrifice. A glorieusement disparu en combattant."
Cette citation comporte l'attribution de la Croix de guerre 1935-1945 avec palme. Le diplôme de cette décoration ainsi que les insignes de la Légion d'honneur et de la Croix de guerre vont être remis à son fils Philippe le 8 novembre 1952.
Sa mère Henriette Psichari-Renan, chevalier de la Légion d'Honneur, demande à être entendue lors du procès de Pétain. Comme elle le dit en préambule," J'interviens non en mon nom personnel mais je dépose au nom des 11000 mères qui ont perdu leur enfant en Afrique du nord." Elle rappelle, dans sa déposition, quel déchirement ce fut pour lui d'obéir au gouvernement de la France à ce moment-là. Il avait au départ, comme beaucoup d'officiers de marine, la tentation de rallier la France libre. Mais le choix dut se faire sous huit jours et il reçut de leur chef l'ordre de ne plus y penser et Michel Revault d'Allonnes obéit comme il l'avait toujours fait, prêt à agir ainsi jusqu'à la mort. Elle rappelle qu'il détestait les Allemands à tel point qu'ayant un instant envisagé une permission à Paris, il y renonça car il se refusait à saluer les envahisseurs.
Puis elle évoque ce 8 novembre qui va être celui de la mort de ce fils tant aimé. Mme Psichari rappelle que les commandants reçoivent l'ordre d'attaquer l'ennemi et de couler le plus de bâtiments puis, après épuisement des munitions, du gazole …de rallier Toulon…le port d'Oran risquant de devenir une souricière. Mme Psichari Renan s'indigne :"Donc l'Amiral a donné l'ordre à ces jeunes gens d'aller à la mort, le sachant, sachant que le port d'Oran était une souricière." Puis elle lance :" Messieurs, voilà pourquoi nos enfants sont morts. Ils sont morts, j'ai honte et j'ai peine de le dire, au service de l'Allemagne. J'ai deux autres fils qui sont des héros de la Résistance, l'un s'est rallié à De Gaulle le 18 juin 1940 à 4 heures de l'après-midi, l'autre est entré dans la Résistance à 17 ans, en décembre 1940. Ils ont risqué leur vie pour la France, je ne dis rien, si la France me les avait pris, je les aurais donnés (…) Mes frères sont tous morts à la guerre (…) J'ai élevé mes fils pour la France, que la France me les reprenne, je veux bien, mais l'Allemagne, non. Je mets en fait qu'un chef de gouvernement qui a donné l'ordre que 11 000 jeunes gens meurent au service de l'Allemagne, je mets en fait que ce chef de gouvernement n'est pas un Français."
Une plaque commémorative portant son nom figure au cimetière de Pagney (Jura), où reposent sa femme Sabine et son frère le Général Jean Gabriel Revault d’Allonnes, Compagnon de la Libération.
Une plaque à sa mémoire figure également sur le Mur du souvenir du cimetière de Tréguier (22)
Son nom figure sur le monument des sous-mariniers de Toulon (Var).
- Légion d'Honneur (chev.)
- Croix de Guerre 39-45 avec palme (s)
- Médaille Coloniale Afrique Occidentale Française
- Citation à l'Ordre de l'Armée
Argonaute
Le sous-marin Argonaute fait partie des seize sous-marins de deuxième classe, du type dit de 630 tonnes, ayant suivi la série des Ondine. De la tranche 1926, il n’a pas reçu de numéro Q (coque) comme pour les sous-marins de la même série : Diane, Méduse et Aréthuse. Mis en construction en avril 1927 par les établissements Schneider de Chalon-s...