Georges Michel Yves Allain
est né le 04 mars 1920 à Lampaul-Plouarzel (Finistère (29))
Fils unique d’Alain Marie, préparateur en pharmacie, et de Jeanne Éliès, domiciliés au Guilvinec, Georges naît le 4 mars 1920 au domicile de ses grands-parents maternels, situé au lieu-dit Perros à Lampaul-Plouarzel dans le Finistère.
En 1938, à la création du premier club de foot dans la commune, Georges garde les buts des Sabliers Sportifs Lampaulais, "ancêtre" du Football Club Lampaulais actuel. Sablier, nom naturellement trouvé par les joueurs tant cette activité était importante à cette époque dans l’un des deux ports de la commune, Porscaff.
Gendarme au sein du "11e Escadron de gendarmerie maritime" (112e peloton, 2e escouade), il est en poste à Toulon.
Après le sabordage de la flotte française le 27 novembre 1942, il réussit à s'évader de l'encerclement allemand.
Il rejoint Gourdon avec son chef, le capitaine Jean-Marie Rivoallan. Le "11e Escadron de gendarmerie maritime" s'intègre au "Corps franc Pommiès", appelé tout d’abord "Corps franc Pyrénées" (CFP) il prendra le nom de son chef et créateur André Pommiès. Il sera affilié à l’"Organisation de résistance de l’armée" (ORA), formée d’anciens militaires qui fusionnera en 1944 avec l’ "Armée secrète" tout en gardant son autonomie.
En ce mois d’août 1944, les combats font rage pour la libération de Montauban, où était cantonné la tristement célèbre division "Das Reich", et les résistants locaux voient arriver des renforts inespérés avec l’arrivée d’une détachement du "Corps franc Pommiès".
En effet, le commandant Charles Wurstensein, chef de bataillon, informé depuis son PC du château de Lauture près de Cazes-Mondenard, des évènements qui se déroulent à Montauban donne l’ordre à la deuxième compagnie de se porter à la rescousse des combattants du Rond.
La compagnie, sous les ordres du capitaine Rivoallan, stationnée à Montcuq dans le Lot à une cinquantaine de kilomètres de Montauban, ne dispose que de deux camions à gazogène, d’une voiture légère et d’une moto. Le maximum d’hommes et d’armement est entassé dans les véhicules. Au moment du départ, la voiture légère, qui doit fermer la marche, dans laquelle a pris place le capitaine refuse de démarrer. Pour ne pas retarder le départ, Rivoallan et André Werner, son adjoint, fixent un point de ralliement à Léribosc, situé à quinze kilomètres environ de Montauban.
Werner enfourche sa motocyclette et prend la tête du convoi. Au bout de quelques kilomètres, l’un des deux camions tombe en panne … le convoi reprend sa route avec un seul camion en état de marche.
Arrivés à Léribosc, au cours d’une courte halte pour attendre les deux véhicules manquants, les hommes en profitent pour se restaurer. Les minutes s’écoulent, mais toujours aucun véhicule à l’horizon. Werner décide de reprendre la route sans plus attendre, espérant que les retardataires ont pris un autre chemin pour gagner du temps.
L’arrivée à Montauban a lieu après 18 heures. Quelques civils en armes, heureux de ce renfort inespéré, les accueillent et les informent de la situation : l’ennemi occupe la gare de Villenouvelle et s’apprête à forcer les dernières défenses du Rond.
Dans l’urgence, Werner décide d’intervenir sans attendre le reste de la compagnie, aidé par des civils qui connaissent bien le secteur et se proposent de les accompagner pour les guider.
Werner divise sa section, composée essentiellement de gendarmes maritimes, en deux groupes. Le premier, sous sa conduite, emprunte l’avenue qui mène à la gare. Le second, dirigé par deux marins dont Georges Allain, progresse derrière des buissons en bordure de jardins et accède à la garde par le chemin d’Allègre.
Cette manœuvre, prenant les Allemands en tenaille, permet de reprendre la gare de Villenouvelle.
La fin de cette tragique expédition est racontée dans un courrier d’Alain Allain, père de Georges, écrite à Lesneven en date du 18 décembre 1944 :
« Chers beau-frère et belle-sœur, neveu et nièces et filleule,
nous voici de retour de Montauban depuis le 16 où nous avons trouvé la tombe de Geo, bien fleurie et très bien entretenue.
Nous avons vu l’endroit où il fut tué, dans la cuisine du chef de gare où il fut demandé pour venir chasser les Allemands. Il se trouvait avec un camarade, en position de combat, à la fenêtre du 1er étage, à genoux, prêt à tirer devant sur les Allemands, mais il ne les voyait pas, camouflés de l’autre côté de la voie, parmi les broussailles, et, derrière un vieux fourneau il y avait un Mongol couché, également en position de combat avec un fusil mitrailleur. Celui-ci voyait Georges et tira le premier et l’atteignit à la gorge et à la joue. Les balles lui traversèrent le crâne et le tuèrent sur le coup. Son camarade ne perdit pas son sang-froid, voyant tirer le Mongol, il l’épaula et deux secondes plus tard Geo était vengé. C’est le jeune homme lui-même qui nous l’a dit. Il n’a que 16 ans et nous l’avons vu à Gourdon où nous sommes allés chercher sa valise.
À Montauban, nous avons trouvé tous les papiers de Geo ainsi que les objets qu’il portait sur lui : papiers, portefeuille, photos, argent, montre, etc. Une infirmière les lui avait enlevés devant la femme du chef de gare et les avait remis au commissariat de police.
Geo arriva vers les 5 heures du soir au combat à Montauban, et c’est vers 8 heures qu’il fut tué, et la bagarre se termina vers 9 heures. Alors voyez-vous, il n’a pas eu de chance. Il y a en tout 18 Français tués et de nombreux blessés dont son capitaine ; et des Mongols et des Allemands, il y en a 80 de tués, beaucoup de blessés et les autres se firent prisonniers.
La femme du chef de gare donna un drap pour ensevelir Geo. Le lendemain matin (dimanche), ses camarades de combat, tous des élèves gendarmes, vinrent le prendre et l’amener à l’hôpital, et ils restèrent le veiller jusqu’au lundi et tinrent eux-mêmes avant de partir à l’enterrer. On lui fit un très bel enterrement par deux prêtres et six enfants de chœur. Il fut porté par six camarades sur les épaules, encadrés par d’autres en armes, et son casque porté par un autre et ainsi que de nombreuses couronnes et bouquets de fleurs, en présence du préfet, de nombreux soldats FFI et d’autres soldats Français et Espagnols et de beaucoup de civils.
Nous avons vu une dame de près de la gare sur sa tombe, elle fit faire une plaque de marbre au nom de Georges et s’occupe de fleurir sa tombe, et aussi une autre voisine qui a un fils dans le maquis du Lot qui s’appelle Georges également. Ces deux dames nous ont offert, si on le voulait, leurs caveaux pour mettre Geo jusqu’à son transfert vers Lampaul. Mais, comme à Montauban il n’y avait pas de zinc pour confectionner un cercueil, nous n’avons pas voulu déranger le corps de notre fils et non plus ces dames bien charitables qui nous ont quand même très touchés. Plus tard, quand la guerre sera terminée et que les transports reprendront, nous le ferons venir à Lampaul.
Notre voyage, bien qu’étant très fatigant et pénible, nous semblait quand même bien consolant car nous étions heureux de connaître où et comment furent les derniers moments de notre fils. Il n’a pas souffert du tout et ne s’est pas vu mourir, heureusement encore ! Il était chef de groupe et avait les galons de sergent-chef. Si le débarquement n’avait pas eu lieu avant, il devait venir en permission en juillet, il avait cette permission signée sur lui. Pauvre Geo, il n’a pas eu le bonheur, et nous non plus, de le revoir depuis mai, nous avons quand même le bonheur de pouvoir dire qu’il est mort en brave pour son pays et pour la jeunesse future.
Comme c’est la fin de l’année, nous vous souhaitons nos meilleurs vœux pour 1945 et nous vous embrassons tous bien fort.
signé : Alain et Jeanne »
Les émouvantes funérailles de Georges et de ses camarades ont fait l’objet d’un article dans le journal « le Républicain de Tarn-et-Garonne » du samedi 26 août 1944 :
« Tout au long du parcours, une foule émue et recueillie stationnait sur les trottoirs en plusieurs rangées, malgré une pluie battante.
Les pompiers de Montauban, auxquels s’étaient joints ceux de Caussade, ouvraient la marche à pas lents, avec les drapeaux américain, anglais, russe qui voisinaient avec celui de notre France ; le clergé venait ensuite suivi d’un char couvert d’innombrables fleurs, de nombreuses gerbes et couronnes.
Aux deuils, le commissaire de police Albert Martrou, frère d’une des victimes et qui prit lui-même une part active au combat, et, bien connu des Tarn-et-garonnais où il a exercé, tant à Castelsarrasin qu’à Montauban, précédait les familles de tous ceux que les assistants pleuraient silencieusement.
Au cimetière, devant les familles en pleurs, monsieur Hervé Serre, avocat, président du Comité départemental de Libération et préfet intérimaire, prononce d’une voix émue une allocution : "Chers disparus, vous tous, connus ou inconnus, mais également chers à nos cœurs endeuillés, vous êtes tombés en Français, en soldats de la Libération.".
Sa maman, Jeanne, est pieusement décédée à Lesneven le 22 novembre 1947, à l’âge de 47 ans. Son papa, Alain, les a rejoints au début des années 1970.
La Médaille Militaire, une citation à l’ordre de l’Armée et la Croix de Guerre 1939-1945 lui ont été attribuées.
Une demande d’attribution de la médaille de la Résistance française à titre posthume auprès du ministère des Armées est en cours d’instruction.
- Médaille Militaire
- Croix de Guerre 39-45 avec palme (s)
- Citation à l'Ordre de l'Armée
"Résistance en Tarn & Garonne – Cabertat, des hommes, un maquis, une histoire … " d’André Lacombe.
"La libération de Montauban et du Tarn & Garonne, 19 & 20 août 1944" de Jacques Latu.
Forces françaises de l'intérieur (FFI)
Le 1er février 1944, à l’instigation de Jacques Bingen, la fusion des principaux mouvements de résistance intérieure qui s’étaient constitués dans la France occupée, allait donner naissance aux Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Cette organisation placée sous le commandement du général de Jussieu jusqu’à son arrestation en 1944 regroupait l’Armée Secrète (AS) d’obédience gaulliste et rassemblant les groupes « combat »...