Camille Papin Tissot
est né le 15 octobre 1868 à Brest (Finistère (29))
Camille Tissot est né à Brest le 15 octobre 1868 au 43 rue st Yves, dans une famille bourgeoise et protestante, d’un père officier de marine, Pierre Louis Tissot (1823-1903), originaire de Vauvert dans le Gard et d’une mère brestoise, Alexandrine Gérardin (1831-1893).
Sa carrière militaire
Camille Tissot entre à l'Ecole Navale à Brest en 1884, à l’âge de 16 ans. Il suit sa formation sur le bâtiment école "Borda" jusqu’en 1886. Il est ensuite affecté au port de Brest. En 1887 il embarque successivement sur le bâtiment –école "Iphigénie", sur le "Nive", sur le "Bretagne", sur le "Magellan", puis en 1888, sur le cuirassé "Océan". En 1890 Il embarque sur le croiseur à barbets "Primauguet", puis sur le "Calédonien".
Affecté à bord du croiseur "Coetlogon", il achève sa carrière embarquée le 23 Janvier 1891 pour occuper une des chaires de Physique et de Chimie de l'Ecole Navale jusqu’en 1912. La passion des sciences lui ayant été transmise par son père, il obtient les grades de licencié des Sciences Physiques et licencié des Sciences Mathématiques pendant les premières années de sa carrière maritime. C’est aussi en qualité d'officier professeur à l’Ecole Navale qu'il se consacre à l'étude des oscillations électriques et de leur application dans le domaine maritime, il fait d'ailleurs participer ses élèves-officiers à ses expérimentations.
En 1905 il obtient le doctorat ès-sciences avec la mention « très honorable ». Son côté passionné et quelque peu original lui valent une caricature en ombre baille que l’on peut admirer aujourd’hui encore sur les murs du hall tradition du musée de l’école navale. Camille Tissot acquiert successivement les grades suivants au cours de sa carrière :
1er aout 1886 : Aspirant de seconde classe,
5 octobre 1887 : Aspirant de 1ere classe,
5 octobre 1889 : Enseigne de vaisseau,
22 aout 1896 : Lieutenant de vaisseau,
19 avril 1912 : Capitaine de frégate.
Camille Tissot a été nommé dan s l’ordre de la Légion d’honneur en 1901. Il sera promu au grade d’officier de la légion d’honneur en 1909 et officier de l’instruction publique en 1910.
Sa vie familiale
Camille Tissot épouse le 3 septembre 1894 Jeanne Emma Stapfer, jeune femme de 20 ans dont la famille d’origine Alsacienne était venue s’installer à Brest dans les années 1870 pour échapper au régime allemand. A l’occasion de son mariage, il adopte à la demande de son beau-père la religion catholique. Mais, en réalité, Tissot, qui signe le télégramme d’annonce de son mariage par "salut et fraternité" est socialiste et athée. Parmi les invités à son mariage figurent ses amis Albert Turpain et Marcel Cachin. Ce dernier, parlementaire très engagé est le futur fondateur du Parti communiste français en 1920.
Du mariage de Camille et Jeanne naît Camille Jeanne, le 26 juin 1896, unique enfant du couple Tissot. Camille Tissot adore sa fille qu’il surnomme affectueusement « Tototte ».
La généalogie de Camille Tissot peut être consultée sur le site : http://www.camille-tissot.fr/29_genealogie/29_genealogie.php?rubrique=mapage20
Ses Travaux
Dès l’année 1896, alors que les travaux de Lodge et de Marconi concernant la TSF sont encore très peu connus, Tissot reprend les théories de Hertz et les expériences de Branly et Popov pour poursuivre, sur le « Borda », des recherches parallèles et indépendantes. Il construit lui-même son matériel de TSF avec l’aide d’E. Branly et du constructeur Eugène Ducretet pour qui il mettra au point des appareils. Le 3 août 1898, en présence du Ministre de la Marine, il établit la première liaison radio opérationnelle Française en mer : 1 800 mètres entre le « Borda » et le sémaphore du Parc aux Ducs à Brest. Convaincu, le Ministre prescrit le 6 août au port de Brest, de financer l’achat de matériel pour permettre à Camille Tissot de poursuivre ses essais.
Avec ces appareils, Camille Tissot monte en 1899 une grande campagne d’essais et assure des communications par ondes hertziennes, d’abord entre différents points de la rade de Brest et l’église Saint Martin, puis jusqu’à l’île Vierge (Plouguerneau) et le Stiff (Ouessant). Il installa également des appareils sur le phare de Trézien en Plouarzel. En 1898 également, il établit le contact radio entre l’île d’Ouessant et le continent, créant, de fait, la première station de TSF qui ait été installée en France. Cette station deviendra Ouessant TSF, indicatif FFU (station Française Fixe de Ushant), active jusqu’en 1943 puis déplacée au Conquet après la guerre. En 1899, Tissot publie au bulletin des travaux des officiers un rapport d’un intérêt historique remarquable, dans lequel il décrit ses travaux et expériences à travers la rade de Brest. Il émet des réserves, à plusieurs reprises, sur la qualité de certains travaux de Marconi. A l‘époque de l’écriture de ce rapport, la TSF en tant que moyen opérationnel de communication n’a même pas 18 mois… En 1900, Tissot équipe la Marine nationale de ses premiers appareils de TSF. En 1904 : la station Ouessant TSF FFU (depuis le Stiff), effectue des liaisons radiotélégraphiques sur la fréquence 500 kHz avec une flotte de 80 paquebots. A partir de 1905, Tissot fait des études très approfondies sur la détection des signaux radio.
Les archives de Tissot et ses cahiers d’expériences laissent penser qu’il est celui qui a poussé le plus loin les essais dans ce domaine en France. En 1907, suite à ces essais, Tissot démontre la possibilité d’utiliser la TSF pour transmettre un signal horaire et régler les chronomètres des navires en mer. Il propose le 22 janvier 1908, au Bureau des longitudes de créer un service journalier d’émission de ces signaux depuis la tour Eiffel. Ce bureau procède à l’installation de ce service à partir du 23 mai 1910. Ce système sera ensuite étendu à la transmission des longitudes. En 1907, Tissot conçoit, avec F. Pellin, un récepteur à galène sans réglage fastidieux pour recevoir ces signaux à bord des navires de commerce. En 1911, son expertise technique est demandée par un comité d’industriels français mené par E. Girardeau, durant la série de procès qui opposent la société anglaise Marconi et l’industrie mondiale de la TSF à propos des brevets d’invention. La société Marconi perd ses procès, et son monopole sur la TSF. Durant la guerre, Tissot fait plusieurs séjours à Bizerte, pour équiper en radio des cargos charbonniers utilisés par la marine, et travaille en même temps sur l’écoute des bruits rayonnés par les sous-marins dans la mer. Il effectue en outre des missions de port en port et de station et station pour équiper les bâtiments auxiliaires et pour faire les réglages.
Le Capitaine de Frégate Tissot décède brutalement en Octobre 1917. Déclaré Mort pour la France par le président Raymond Poincaré, il repose au carré militaire du cimetière d’Arcachon.
Ses publications
Camille Tissot a écrit trois ouvrages d’une grande précision technique :
Mémoire de thèse de Doctorat sur la résonance des antennes (1905).
Traité sur les oscillations électriques (1906)
Manuel de TSF théorique et pratique (1912), réédité jusqu’en 1932 (6e édition).
Il est aussi l’auteur de nombreux articles de vulgarisation de la TSF dans des revues scientifiques internationales, et donnera de très nombreuses conférences sur le sujet. Bien que n’en étant pas membre, il intervient régulièrement devant l’ Académie des sciences, et certaines de ses interventions sont de véritables brevets d’invention. Il reçoit plusieurs prix et récompenses de cette Académie. Ses travaux lui ont valu d’être appelé à participer au Comité de TSF scientifique, comité dont il fut l’un des membres les plus compétents et écoutés. Il était aussi membre de plusieurs autres sociétés scientifiques à travers le monde. Par ailleurs plusieurs publications et ouvrages décrivent les travaux de Camille Tissot.Ainsi l’ingénieur général du génie Maritime Eugène Giboin (Le développement de la TSF dans la marine nationale de 1897 à 1939 – Académie de marine 1951) écrit « C'est à Camille Tissot que revient le mérite des premières réalisations qui furent faites dans la marine. Son nom doit être placé à côté de ceux du général Ferrié et d'André Blondel et de René Mesny.Camille Tissot a sa place dans la liste des savants Français qui ont créé la TSF en France . Sa mort prématurée a été une très grande perte pour notre pays et pour la science. »
Relevons aussi les propos d’Albert Turpain, professeur à l’université de Poitiers, lui aussi précurseur de la TSF (manuel de télégraphie sans fil - 1909) :« M. Tissot ne s’est pas contenté de faire, au sujet des phénomènes mis en cause dans la TSF, des études systématiques qui sont de beaucoup les plus complètes qui aient été faites touchant cette intéressante application des ondes électriques : il a encore doté nos escadres de tout un matériel des mieux étudiés qui leur a permis peu à peu, et cela dès 1898, d’accroître la portée des communications. Aujourd’hui en 1909 tous les navires de guerre munis des dispositifs étudiés par M. Tissot peuvent communiquer à 300 km. En 1906, le cuirassé « Bruix » a pu même communiquer avec Port Vendres, à une distance de 500 km. »
- Légion d'Honneur (off.)
- site www.camille-tissot.fr
- site www.radiomaritime.com
- site http://fr.wikipedia.org
- Archives famille Tissot
- Recherches Christelle Sochal-Tissot et Jean Luc Fournier