François Auguste Gérard Demazieres
est né le 14 juillet 1913 à Grand Fort Philippe (Nord)
François Auguste Demazières est le fils de François Louis Demazières, mécanicien de la Marine nationale, et de Mélanie Marie Fournier. La famille est établie dans la région de Dunkerque et cultive une solide tradition maritime. François, l’aîné, et ses trois frères, Raymond, Emile et Robert, seront marins, au commerce ou à la grande pêche. François, lui, opte pour le cabotage, et après avoir satisfait à ses obligations militaires qui l’amènent à être embarqué sur le croiseur "Duquesne" en Méditerranée, il s’engage dans la Marine marchande, suit les cours d’officier mécanicien, puis s’oriente vers les bâtiments des Ponts et Chaussées, dont l’une des principales unités, le baliseur "Émile Allard", est basée à Dunkerque.
Il épouse Andréa Julienne Decock, comme lui originaire du Nord : leur vie se déroule paisiblement, et quatre enfants, Suzanne, Françoise, André et Marie naissent de leur union.
Mais la guerre vient contrarier cette tranquillité : en mai 1940, les forces franco-britanniques battent en retraite vers Dunkerque pour être rapatriées sur l'Angleterre ; la ville est bombardée par l'aviation allemande entraînant l'exode de la population. La famille de François Demazières gagne le Finistère-sud et s'installe à Esquibien, près d'Audierne, où elle restera jusqu'à la fin de la guerre.
Le baliseur "Émile Allard", quant à lui, se replie dans un premier temps sur La Rochelle/Palice où il assure le transport de personnels en remplacement des bacs assurant les liaisons avec l'île de Ré ou la traversée à l'embouchure de la Garonne. Puis, en septembre 1941 il doit rallier Brest qui manque de moyens de ce type : il a en charge l'entretien du balisage sur près de 700 km de côtes, mais est régulièrement réquisitionné par la marine allemande pour effectuer d'autres travaux, et durant ces périodes il est contraint d'arborer le pavillon de la Kriegsmarine. Le bâtiment est commandé par le capitaine Le Cornec qui dirige un équipage de 14 marins, dont François Demazières qui remplit les fonctions de second mécanicien.
Le 14 avril 1943 le bâtiment fait route vers Brest après avoir vérifié la position des bouées du chenal du Four (voir carte). Peu après 16 h 00, alors que l'"Émile Allard" vire la tourelle des Vieux Moines qui déborde la pointe Saint Mathieu, des vrombissements de moteurs d'avions sont nettement perçus par l'équipage, en direction de l'archipel de Molène. Dans un passé récent, plusieurs attaques d'avions britanniques ont eu lieu à l'encontre de navires français dans le secteur (les 22 et 31 juillet 1942, déjà contre l'"Émile Allard" en baie de Morlaix ; le 10 avril 1943, contre l'"Enez Eussa", dans le port du Conquet), mais tous à bord espèrent que le pavillon tricolore qui flotte fièrement à la poupe et les couleurs fraîchement peintes sur son avant et sur le pont suffisent à garantir une certaine protection.
Le baliseur essuie pourtant un mitraillage en règle de la part de cinq chasseurs bombardiers Wirlwind de la Royal Air Force, escortés par une dizaine de Spitfire, puis d'une attaque à la bombe. L'une d'elles frappe la passerelle du bâtiment, et une autre le compartiment moteur où trois hommes sont de quart. François Demazières et René Durand, le graisseur, sont tués sur le coup. Marcel Shnorr, grièvement blessé, parvient malgré tout à s'extraire du local, mais, évacué par ses camarades, il décèdera le soir-même à l'hôpital maritime de Brest.
L'"Émile Allard" est en feu et, vers 18 h 00, il sombre, engloutissant à jamais les corps de Marcel Durand et de l'officier mécanicien de 2e classe François Demazières, dont le nom est désormais inscrit pour l’éternité au monument aux morts d'Esquibien.
L'état-major et l'équipage du baliseur "Émile Allard" ont été cités à l'ordre de la Marine marchande "pour le courage, le sang-froid et les qualités professionnelles dont ils ont fait preuve au cours du naufrage de leur bâtiment".
- Citation à l'Ordre de la Marine Marchande
Emile Allard
Le baliseur Émile Allard (47m x 9.3m, 474t brut) est construit en 1933 au Havre par les Chantiers Augustin Normand (un baliseur est équipé pour placer ou relever les bouées et ravitailler les phares). C’est l’ingénieur des ponts et chaussées Émile Allard (1818- 1892) qui a donné son nom au bâtiment. Appartenant au service des Ponts et Chaussées (ancien Phares et Balises), il est basé Jusqu'en 1940, à la station de Dun...