François Marie Podeur
est né le 14 juillet 1910 à Ploumoguer (Finistère (29))
Fils de Jean Marie et de Marie Michelle Quéré, agriculteurs, François voit le jour le 14 juillet 1910 à Ploumoguer au domicile familial situé au lieu-dit Kérévars.
Il est né par un jour de violent orage ce qui a fait dire bien plus tard à sa mère qu’il était né dans le tonnerre et les éclairs comme le jour de sa mort !
Il est le 3ème garçon d’une fratrie de 14 enfants, dont l’aîné est né en 1899 et le bidouric (mot breton qui signifie le petit) en 1923, prénommés : Marie, Louise, Charles, Joseph, Marcelline, Michelle, François, Pierre, Anne-Marie, Jean-René, Eugénie, Marie-Josèphe, Jean et Francis.
François passe son enfance à la ferme familiale, fréquente l’école de Saint-Stanislas de Saint-Renan et, comme ses frères avant lui, est enfant de chœur en l’église de la paroisse de Lamber (commune de Ploumoguer).
Pour se faire un peu d’argent de poche, avec son frère Jean-René, il ramasse les graines d’ajonc et capture les taupes dont la fourrure est utilisée dans la confection des manteaux. Cet argent leur sert à acquérir un accordéon et à en jouer, sans avoir appris, lors des bals et des mariages.
Dans la famille, l’argent est rare. Le beurre est vendu le samedi matin au marché de Saint-Renan et les enfants mangent le pain sec.
A 19 ans, sur les conseils de son père car il n’y avait pas de quoi faire vivre toute la famille sur la petite exploitation familiale, François s’engage dans la marine nationale le 11 février 1930 pour une durée initiale de trois ans (matricule : 501 B 30) et est incorporé au 2ème dépôt des équipages de Brest pour y suivre une formation militaire et maritime.
Le jeune marin reçoit la formation de spécialité à l’école des fusiliers marins de Lorient et obtient le brevet élémentaire de fusilier marin le 1er septembre 1930.
Il est, par la suite, affecté à bord du croiseur cuirassé "Gueydon", sur le navire école "Armorique" (école des mousses et des apprentis marins de Brest), à l’artillerie de côte de Corse durant près de 22 mois, sur le porte-avions "Béarn".
Lors d’une permission en 1935, par l’intermédiaire du curé de la paroisse de Ploumoguer, il fait la connaissance de sa future épouse, Thérèse Le Roux, qui est enseignante à l’école privée de la commune. Le 21 avril 1936, ils se marient à Plounévez-Lochrist, village du nord Finistère où Thérèse est née le 16 mars 1915. De leur union, naîtront Joëlle le 28 novembre 1937 et Michel le 31 janvier 1940 (décédé en 1971).
Admis à suivre le cours du brevet supérieur de spécialité à l’école des fusiliers marins, François obtient le précieux diplôme pour compter du 1er janvier 1938 et est promu au grade de maître le 1er juillet suivant.
A l’issue, il choisit de rejoindre le cuirassé "Dunkerque" puis est muté sur le cuirassé "Bretagne" le 22 octobre 1938. Sa carrière s’annonce très prometteuse et il est admis au cadre de maistrance (corps des officiers mariniers de carrière) au début de l’année 40.
François disparaît à bord du cuirassé le 3 juillet 1940 lors de l’attaque anglaise sur le port de Mers el-Kébir. Il n’aura vu son fils qu’une seule fois … lors de son baptême en février.
Sur les conseils de son mari, presque toujours en mer, Thérèse est retournée dans sa famille à Plounevez-Lochrist, pour donner naissance à son deuxième enfant. Après les évènements du 3 juillet, elle se retrouve démunie avec deux enfants en bas âge car, pour suivre son mari alors affecté à Toulon, elle avait quitté son métier d’institutrice. Sans nouvelles de son époux, sans ressources pendant plusieurs mois, c’est la misère dans cette France occupée et, pour survivre, la municipalité de Plounévez-Lochrist lui octroie quelques heures de travail à la mairie où elle délivre les bons de ravitaillement. Elle reçoit, d’autre part, quelques colis de la Croix-Rouge qu’il faut aller chercher à Plouescat.
Elle travaille ensuite à la poste communale pendant plusieurs années puis est mutée, après concours, à celle de Brest en 1949. Très courageuse, elle termine sa carrière comme receveuse de poste, changeant souvent d’affectation, allant des bureaux du Finistère à ceux d’Ille-et-Vilaine.
Thérèse a longtemps espéré le retour de François … Un camarade rescapé du " Bretagne " lui a dit qu’on l’avait vu nager alors que le cuirassé sombrait et, comme il était sportif, elle croyait qu’il était peut être hospitalisé, blessé voire amnésique. Elle a longtemps attendu le courrier, elle a longtemps rejoint l’arrêt de car au cas où il y serait … Chaque soir, elle faisait réciter aux enfants une prière " pour que papa revienne ", tous y croyaient et Joëlle et Michel ont grandi avec ce fol espoir …
"Porté disparu", terribles mots avec tout ce qu’ils représentent : l’attente, l’espoir, le vide.
François est décoré, à titre posthume, de la médaille militaire par décret du 24 juillet 1944.
En 1990, à l’initiative de l’association des anciens marins de Mers el-Kébir et des familles des victimes présidée par Monsieur Hervé Grall, Thérèse et Joëlle sont allées en pèlerinage au cimetière marin de Mers el-Kébir. Elles avaient rendez-vous là-bas avec François. Pas de tombe bien sûr. Un ossuaire … Elles ont mis un moment à se remettre de ce voyage au cours duquel Thérèse a parlé de lui comme jamais auparavant.
Thérèse s’en est allée rejoindre François le 9 juillet 2003.
- Médaille Militaire
Bretagne (cuirassé)
Bretagne : cuirassé construit à Brest en 1916. Après la capitulation signée par le maréchal Pétain, pour éviter qu'elle ne tombe entre les mains des Allemands, Churchill décide de détruire la flotte française qui stationne à Mers-el-kébir (6 km d'Oran) : opération Catapult. Les négociations entre les amiraux Somerville (anglais) et Gensoul (Français) échouent...