Centre aéronaval du Havre - Aéronavale
L'escadrille du Havre a été créée en juillet 1915. Il s'agissait de protéger le trafic maritime du port normand des attaques de sous-marins ennemis. L'EV1 Rallier du Baty est désigné pour assurer la surveillance des travaux d'aménagement. Courant octobre, deux hydravions FBA 100 ch et des équipages sont détachés du CAM de Dunkerque. Les missions commencent en novembre mais sont arrêtées en décembre, les personnels spécialisés étant rappelés d'urgence pour armer le CAM de Bizerte dont la mise en oeuvre est jugée prioritaire. En janvier 1916, les installations de l'escadrille du Havre sont mises en gardiennage et il faudra attendre avril, pour que l'ordre de réactiver l'endroit soit donné.
Le LV André Nové-Josserand est chargé de superviser la remise en fonction de l'escadrille du Havre, le 5 avril 1916. Le personnel nécessaire est fourni par le CAM de Dunkerque et par la base navale de Cherbourg. Elle reçoit comme dotation trois FBA 100 ch. Sa mission étant achevée, le LV Nové-Josserand est remplacé par l'EV1 Herbert Guyot d'Asnières de Salins, le 13 avril 1916.
Le 24 mai, c'est au tour de l'EV1 Gaston Poulalion de prendre le commandement de l'escadrille. A partir d'octobre, l'unité commence à percevoir des FBA 150 ch.
L’escadrille est rattachée au centre d’aéronautique du Havre, le 26 décembre 1916.
Le 1er mars 1917, l’escadrille devient un centre d'aviation maritime. La mission principale de ses hydravions consiste à réaliser des patrouilles aériennes sur la baie de la Seine. Sa zone opérationnelle se situe entre le littoral de la Manche de Fécamp à l'embouchure de l'Orne. Ils doivent également protéger les convois qui entrent et sortent du port du havre jusqu'à 60 Milles au large. Le 29 juillet 1917, sa dotation théorique passe à seize hydravions.
De septembre à décembre 1917, les hydravions du CAM sont engagés plusieurs fois sur des sous-marins ou des sillages suspects. Nous pouvons signaler les attaques des 27, 28 et 30 septembre au large du cap de la Hève, puis les 14, 17 et 22 novembre dans une zone comprise entre 20 à 30 milles, à l'ouest du Havre. Le 12 décembre, les hydravions codés "H3" et "H5" bombardent un sous-marin immergé à 13 milles, dans le nord-ouest d
Le LV Sébastien Flamanc succède à l'EV1 Gaston Poulalion au commandement du CAM du Havre, à partir du 12 décembre 1917.
Le 24 mars 1918, deux hydravions larguent quatre bombes sur l'avant d'un sillage suspect, à 20 milles dans le nord-ouest du cap de la Hève. Un périscope est aperçu au milieu d'une large tache d'huile, laissant supposer un coup au but.
En mars 1917, la dotation aéronautique du CAM est renforcée par l'arrivée des premiers triplans Lévy-Besson 200 ch à moteur Hispano-Suiza, ainsi que par la livraison de deux FBA 200 ch. Malheureusement, les triplans, qui viennent d'être livrés à la Marine, présentent de nombreux défauts de jeunesse provoquant des incidents en répétitions. La situation ne s'arrange pas avec les FBA 200 ch HS dont les moteurs Hispano-Suiza se révélent difficiles à mettre au point.
En avril, la dotation théorique du CAM passe à 12 hydravions, dont 9 armés. Toutefois, en raison des problèmes de mise en oeuvre des Lévy-Besson 200 ch HS et FBA 200 ch HS, cette augmentation reste complétement théorique. Pour ces raisons, l'activité opérationnelle chute de manière importante, à partir du mois de mai.
Le 6 juin 1918, deux hydravions triplans Lévy-Besson engagent une attaque contre un sous-marin. En voici le détail. A 11h45, un torpilleur signale la présence d'un sous-marin, à 13 milles dans l'ouest-nord-ouest de la Hève, au centre des patrouilles aériennes de la baie de Seine. A 12h06, la section d'alerte déjauge du port du Havre. Arrivé sur zone, à 15 milles dans le 315°, les deux hydravions survolent une flottille de bateaux de pêche. L'équipage du Lévy-Besson LB 18 aperçoit, à une cinquantaine de mètres d'un des bateaux, un navire maquillé avec une coque grise avec une raie blanche en long et un kiosque noir. Il se prépare à l'attaque en se dirigeant sur lui. Le navire adverse plonge très rapidement, à environ 3 milles de distance. A 13 heures, le LB 18 largue ses deux bombes en chapelet sur le sillage bien visible. Les bombes explosent normalement. Le chef de section, à bord du LB 24, qui faisait des laces au-dessus de la flottille de pêche, aperçoit les gerbes d'eau des deux explosions et le signal de l'autre hydravion. Il lance une bombe sur la tache laissée par les premières explosions mais celle-ci n'explose pas. L'équipage du LB 18 n'ayant plus de bombe, rentrent au port tandis que celui du LB 24 reste sur zone encore une demi-heure, dans le cas ou le sous-marin adverse referait surface. Le sous-marin attaqué venait d'émerger à une cinquantaine de mètres d'une barque de pêche sur laquelle il avait tiré 3 coups de fusil. L'arrivée des deux Lévy-Besson le fit plonger précipitamment. Les pêcheurs virent les bombes tomber exactement à l'endroit où le sous-marin avait plongé. A 15 heures, une seconde section part du Havre pour tenter de retrouver le navire adverse. L'un des hydravions tombe en panne mais l'autre continue seul la mission. Bien lui en prend car il repère une trainée huileuse avec dégagement de bulles, à 20 milles dans le 315° de la Hève. Deux bombes type F sont larguées sur les bulles à 15h30. Elles explosent normalement. L'équipage prévient par pigeon le centre et par pavillon et fusées, un dirigeable en vue. Il rentre finalement au centre après une 1/2 heure de recherche.
En août 1918, la dotation aéronautique du CAM du Havre passe à 16 hydravions dont 12 armés. En septembre, les premiers Georges Lévy 280 ch Renault sont livrés et donnent satisfaction. Leurs prédécesseurs, les Lévy-Besson sont progressivement retirés du service et l'activité opérationnelle retrouve un niveau normal.
Le 1er octobre 1918, le CAM du Havre compte 4 Georges Lévy 280 ch Renault, 8 Lévy-Besson 200 ch Hispano-Suiza et 2 FBA 200 ch Hispano-Suiza.
Le CAM du Havre est finalement dissous en décembre 1918. Le démontage des installations est entièrement terminé à la fin du mois de janvier 1919.